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ilad Seliktar livre avec Tsav 8 un album particulier à plus d’un titre. Le sujet, au départ, est la guerre en Israël. Pourtant, de celle-ci, on ne voit rien. Car si l’auteur, qui se met en scène, est impliqué, c’est pour distribuer des lettres de mobilisation. Tout au long du récit, il se retrouve donc à sillonner le pays à la recherche de réservistes appelés à faire leur devoir patriotique. Loin des bombes et des missiles, il ne perçoit du conflit qu’une atmosphère où chacun fait face à l’inconnu.
Pour lui, ce périple est aussi l’occasion de ressasser quelques souvenirs de son service militaire, notamment son absence totale de passion pour les faits d'armes et une relation de camaraderie singulière. Durant ses longues gardes, il dessine. Que faire d’autre quand les heures s’étirent et que le travail est si monotone ? Ses réflexions sur l’art sont traitées comme celles sur la guerre, c’est-à-dire de façon tout sauf frontale. Il laisse ainsi le silence s’installer dans les planches, avec de longues séquences contemplatives qui donnent à l'ouvrage un caractère unique. La douceur de la mise en couleurs ajoute à l’ensemble une forme subtile de mélancolie et se mêle à un trait parfois esquissé pour composer des vues superbes, tout en suggestion.
En fin de compte, Gilad Seliktar aura fourni peu de réponses. L’objet de l’album s’en trouve diffus, parfois totalement impalpable. Mais au fond, peu importe. L’art est dans la manière, dans ce ton que l’auteur parvient à trouver ; comme une stratégie de l’évitement qui fait qu’en parlant de lui, il offre un certain regard. Le résultat est fascinant.
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