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ême s'il n'y a plus que deux trains par jour pour rythmer la vie de sa gare, Antoine Monnier en prend soin. Ce n'est peut-être pas une grande ligne, mais c'est chez lui. Il connaît ses voyageurs et les apprécie tous, même Monsieur Boccara et ses idées courtes ! Pour Alex, un petit loubard qui se croit un peu trop dans un film noir, la donne est différente. En effet, c'est un « contrat » qui l'a attiré en ces lieux, mais il y a un peu trop de témoins, enfin, pour l'instant...
Après Le constat, c'est au tour d'une autre œuvre de « jeunesse », Le réflexe de survie, d'être rééditée avec une nouvelle maquette. Pas de doute, Étienne Davodeau est à la mode et c'est tant mieux pour lui ! Datant de 1998, cette tragi-comédie se lit comme une pièce de théâtre : un lieu unique, la gare de Trémentines, un chœur sous la forme du fantasque Tolsky et un enchaînement de circonstances qui mène le train-train quotidien vers le drame. L'auteur s'évertue à lancer le lecteur sur des fausses pistes, tout en prodiguant le discours social dont il a fait sa marque de fabrique. Le ton est frais, amusant (merci Tolsky !), parfois naïf et invariablement sympathique. Pas de grand héros sans peur ni reproche ou de frêle naïade à sauver, ni même de conspiration à dénouer, seulement des êtres humains, avec leurs forces et leurs faiblesses, auxquels le scénariste donne le temps nécessaire pour se présenter et, plus simplement, vivre. Résultat, une fable touchante et terriblement humaine.
Après le road-movie, Davodeau explore et met le genre polar au service de ses préoccupations humanistes. Même si le mélange est plus ou moins heureux suivant les passages (Alex reste bien caricatural), Le réflexe de survie annonce les récits plus psychologiques à venir (la trilogie Un monde si tranquille et, plus tard, Lulu femme nue). En résumé, en plus d'offrir une excellente histoire, cet album représente un jalon important dans l'évolution du créateur des Ignorants.
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