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elvet ! Velvet Templeton ? Son nom ne vous dit rien ? N'ayez aucun regret, car ceux qui croisent sa route éprouvent quelques difficultés à s'en remettre…
Quatre mois, à peine, après sa première apparition outre-Atlantique, la nouvelle égérie d'Ed Brubaker (Criminal, Fatale) et Steve Epting (Avengers) débarque en France chez Delcourt.
Avant le Crépuscule condense le savoir-faire d’un scénariste et d’un dessinateur qui n’ont plus rien à prouver. Si toutes les ficelles du genre ont été utilisées jusqu'à la trame, il ne faut toutefois pas bouder son plaisir à voir un récit les retisser avec dextérité. Velvet est une espionne d'un certain âge, qui forte de sa virtuosité passée et certaine de ses qualités hors du commun, peut se permettre de suivre ses intuitions. Certains ergoteront sur le fait qu'après dix-huit ans d'inactivité forcée, cette quadragénaire retrouve ses réflexes de jeune fille et parte en quête d'une vérité que d'aucuns voudraient lui occulter. Soit ! Et alors ? N'est-ce pas avec du vieux que l’on fait du neuf ? En l'occurrence, ce scénario fleure bon la guerre froide et ces romans qui se lisaient le temps d’un voyage pour finir abandonnés sur un banc. Structuré en cinq chapitres avec épilogue, ce premier opus se dévore littéralement. Précision et réalisme du trait, esthétisme de la composition, efficacité du découpage, agrément de la mise en couleurs... tout est en place, à la plus grande satisfaction du lecteur qui retrouvera dans ces planches la saveur des productions cinématographiques et télévisuelles des années cinquante et soixante.
Velvet sait dépoussiérer les canons du genre grâce à un rôle-titre féminin qui n'a aucun mal à assumer sa part de masculinité !
Visiblement, les deux auteurs ont réussi par le passé à ressusciter Captain America. Partis sur cette lancée, ils ont décidé de réhabiliter cette bonne vieille Velvet. C'est un peu comme si on faisait naître à nouveau Bécassine en agent secret. Je plaisante un peu sur ce dépoussiérage car ce n'est pas vraiment cela. Velvet, c'est un peu une James Bond des années 50 ou un agent OSS mais sans le blue.
Il est sans doute bon de voir une quadragénaire à l'action après 18 ans d'inactivité ou plutôt dans le rôle d'une assistante secrétaire. On remarquera qu'elle n'a rien perdu de ses talents. Le scénario utilise de grosses ficelles mais c'est habilement exploité. Et pour une fois, le rôle titre est féminin dans un monde d'espionnage dominé par la gente masculine.
Le duo Epting/Brubaker est déjà excellent sur Captain America. Malgré tout, Velvet est une vraie découverte. Le point commun avec Captain America est une certaine facilité d'immersion dans cette histoire d'espionnage. L'héroïne a du charisme et c'est vraiment sympa. Les dessins et les couleurs sont excellents avec la finesse qu'il manque parfois à la série Marvel, le scénario est prenant et le tout forme un excellent album !
Et moi qui pensais que les héros de comics etaient toujours vêtus de pyjama coloré, et bah non.
Surprise donc pour moi que de lire cet excelent opus, ou une héroine pleine de charme, nous plonge au milieu des services secrets des années 50 à 80.
Super album d'introduction.