P
our sauver son copain Ludovic atteint d’une leucémie, la Petite Mort avait sacrifié au Grand Tout le chat de la maison. Ainsi s’achevait le premier volume de cette étrange série mettant en scène monsieur et madame La Mort et leur écolier de fiston. Une famille somme toute assez banale, si l’on fait abstraction du métier du papa. Et du mystérieux occupant claquemuré dans le placard du salon. Bref, l’année scolaire s’est terminée, exit le primaire et ses amitiés simples ; les poils apparaissent aux mentons des garçons, les seins des filles pointent, les boutons d’acnés bourgeonnent, voici l’heureux temps du collège, des flirts maladroits et de l’effervescence hormonale.
Joyeux mélange d’esprit potache et d’interrogation existentielle, de féroce ironie et d’irrévérence, le joli petit succès de la série auprès des jouvencelles et godelureaux est légitime. Mais, bien qu’enracinée dans des préoccupations pubères, cette chronique ténébreuse s’offre des digressions enfantines ou affiche des références adultes qui l’ouvre à un plus large public. Par contre, en étant encore moins linéaire que le tome précédent, le récit perd en émotion ce qu’il gagne en dérision, quitte à sembler parfois s’égarer un peu, à manquer de cohésion. Ces errances se retrouvent sur le plan graphique, quand Davy Mourier abandonne le gaufrier un brin austère - où se déploient les strips en gris et blanc sur fond noir -, au profit de parodies vivement colorées et de faux encarts publicitaires à l’humour macabre. L’auteur raccroche cependant tous les wagons en proposant une conclusion forte et pleine d’enseignements.
Classique roman d’apprentissage sur le fond, satire pleine de verve sarcastique sur la forme, voici un diptyque qui n’est pas loin d’être le cadeau idéal pour les ados un tant soit peu délurés de votre entourage.
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