L
es sables du Simon Dja se sont perdus à jamais dans l’immensité du désert, mais Hiérus Halem sera encore et toujours le théâtre des affrontements entre le Croissant et la Croix. Laissant derrière lui les clameurs de combats qui ne sont plus les siens, Gauthier de Flandres poursuit désormais un autre chemin…
La chronique d'un album conclusif est souvent un exercice délicat car il invite immanquablement à revenir sur ses prédécesseurs au risque de se répéter. Alors plutôt qu’un bilan, s’il n’y avait qu’une chose à retenir de cette série, qu’elle pourrait-elle être ?
À l’évidence, celle d’une vraie rencontre entre un scénariste prolifique et un dessinateur talentueux. Avec Croisade, Orient et Occident, magie et religion, haine et amour, raison et déraison, beauté et laideur, vice et vertu s’entrelacent en de nombrables arabesques, s’affrontent en de multiples variations. Au pays des Mille et une nuits où les choses ne sont souvent qu’illusions, l’imagination débordante de Jean Dufaux trouve (enfin) des étendues et une matière à sa mesure. Parallèlement, en homme avisé, il sait qu’il lui faut trouver pour son scénario des compagnons capables de lui donner consistance et crédibilité. Avec Philippe Xavier et Jean-Jacques Chagnaud s’établit rapidement une véritable synergie, pour ne pas dire osmose, et ces derniers transcrivent avec finesse et nuances les émotions à travers un dessin superbe autant qu’irréprochable et une mise en couleurs à l’unisson. Ainsi au-delà de la matérialité du trait et de l’esthétique des lieux comme des personnages, la multiplicité et la duplicité des sentiments transparaissent, donnant au cours de ces sept dernières années, profondeur et densité à nombre de planches.
Le dernier souffle, met un terme au cycle Nomade et clôt Croisade. En espérant qu’après Tango et Hiver 1709, les djinns sauront rappeler à Philippe Xavier (ainsi qu’à Jean Dufaux) que Gauthier de Flandres cherche toujours un sens à sa vie…
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