E
lric fulmine. Ni ses soldats, ni ses sorciers et leurs démons n’ont réussi à retrouver la trace d’Yyrkoon et de Cymoril. Privé des drogues de sa cousine, le chef des Melnibonéens est au bord de l’épuisement. Alors qu’il n’y croit plus, le seigneur Arioch lui apparaît. Le maîtres des épées restaure les forces déclinantes du souverain et lui indique où sont ceux qu’il cherche. La traque va pouvoir débuter et la vengeance s'accomplir.
Le premier album était une révélation, le deuxième est celui des confirmations. La première provient du scénario. Il devient clair que Julien Blondel et Jean-Luc Cano ne vont pas se contenter de retranscrire l’œuvre de Michaël Moorcock. Manifestement, une intense réflexion a été nécessaire pour s’approprier le personnage d’Elric et son monde, puis les transposer. Les choix réalisés par les auteurs sont cohérents et aboutissent à une saga épique resserrée autour de l’albinos, de sa quête et de l’arrivée de l’épée noire. La narration est toujours aussi justement équilibrée entre l’action et le développement du contexte. Ici, la lumière est mise sur le jeu de dupes qui se créé entre le trop aimable Arioch et l’empereur, sans renoncer à introduire les prémices de la malédiction à venir.
La seconde satisfaction concerne pour la partie graphique, pour laquelle il existait des inquiétudes liées au changement de dessinateur et de coloriste. Après avoir composé quelques pages, Didier Poli a quitté le navire. Il est remplacé par Julien Telo, tandis que Scarlett Smulkowski arrive aux couleurs. Solide à son poste, Robin Recht, à l’encrage, fait figure de gardien du temple. Le résultat est plus que probant. La cohérence visuelle est préservée et les planches sont à nouveau puissantes et évocatrices. Comme le souligne Alan Moore dans la préface, le risque était que les auteurs se livrent à un exercice de style pour profiter des mille et une possibilités et extravagances offertes par cet univers. Il n’en est rien. Le travail des trois partenaires n’illustre pas l’histoire, il la narre. Les représentations du navire des terres et des mers, de Straasha, le seigneur des Élémentaires de l’eau, et de Grome, celui des Élémentaires de la terre, sont appréciables. Cependant, c’est celle de Stormbringer qui est la plus remarquable. D’aucuns s’étonneront de la taille de l’arme démoniaque et de l’impossibilité à la manier qui devrait en résulter. Cette vision semble correspondre à celle de l’écrivain qui, dans Elric des Dragons, relate qu’ « Elric souleva la gigantesque épée sans aucune peine (…). »
Même s’il ne s’agit que du deuxième tome, il ne paraît pas extravagant de penser que, compte tenu de l’importance de l’investissement tant au niveau de l’écriture que de la mise en images, cette série fera date pour les amateurs de fantasy en bande dessinée.
Très bonne adaptation des romans, de très bons dessins, dialogues et surtout on y retrouve ici l'ambiance baroque des Melnibonéens entre noblesse et beauté, mais aussi et surtout laideur, cruauté et décadence. Dans cette bd, Elric qui croit avoir son destin en main est en fait un pantin à la manière des tragédies grecques.
Dessins toujours au top pour retranscrire l'atmosphère particulière de ce monde. Cependant légèrement moins bon que le premier tome, dû à une mise en page parfois difficile à suivre.
Évidemment le dessin est toujours au top ! Au rendez-vous les meilleurs dessinateurs suiveurs des Matthieu Lauffray et Alex Alice. Point de vue scénario, on entrevoit la suite et ce n'est pas plus mal, par contre, j'ai l'impression de retrouver certains travers de Totendom (super série mais qui n'a pas fait grand bruit malheureusement !) : on s'y perd et on s'y retrouve en fin de compte mais c'est parfois dur à suivre...
Enfin pour ceux et celles qui aiment l'univers de Lauffray, Alice, Recht, Bastide,... foncez, les encrages et couleurs sont toujours aussi beaux !