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rintemps 1917, sur le front de l’Aisne. L’entêtement funeste de Nivelle à vouloir percer les défenses allemandes au Chemin des Dames n’en finit plus de saper le moral des troupes à grands coups d’offensives aussi vaines que meurtrières. À l’issue d’un énième assaut dérisoire, engendrant l’immuable holocauste, les soldats de la côte 108 décident d’une pétition à destination du parlement, persuadés que le généralissime cache la vérité sur la situation réelle du conflit. Rentrée fortuitement en possession du précieux document, révoltée par l’incurie croissante de l’État-Major, une poignée de braves soldats d’une compagnie voisine se mutine et décide d’aller à Paris porter les doléances de leurs camarades. Alertés, les officiers de l’arrière lancent le sinistre commandant Morvan aux trousses des déserteurs…
Qu'elle soit abordée de manière romanesque, didactique, intimiste ou fantastique, la Der des Der n’en finit plus d’être déclinée de mille façons en ces années commémoratives, et la multiplicité des angles de vue débouche finalement sur un panorama foisonnant, riche de ses variations, donnant à voir, à comprendre, à ressentir. En ancrant l’action dans un contexte historique fort, mais en tordant cette vérité historique par le biais de la fiction, les auteurs peuvent ici proposer un scénario original - à la limite de l’uchronie - mais néanmoins réaliste. Tenant de la fable politique et du road-movie, du récit de guerre et du documentaire, cette première partie du diptyque annoncé installe efficacement le suspense tout en développant tranquillement ses personnages. Mais bien que ceux-ci possèdent déjà ce qu’il faut d’épaisseur et de consistance pour happer le lecteur, leurs passés comme leurs motivations profondes demeurent à peine esquissés.
Pour accompagner les scénaristes chevronnés que sont Dorison et Herzet au sein de la prestigieuse collection Signé, un jeune dessinateur venu de l’animation est aux pinceaux. Cédric Babouche met en scène cette épopée tragi-comique à travers une mise en page dynamique, bouillonnante même, brouillonne diront certains, se focalisant sur un trait loin de l’orthodoxie franco-belge classique. Ici, point d’encrage : un crayonné, des niveaux de gris pour les ombres et les volumes, sanguine pour les détourages, puis une vigoureuse mise en couleurs à l’aquarelle, conférant une vibrante sensibilité aux paysages et une belle expressivité aux héros. Une éloquence portée également par les déformations outrancières de certains visages, signes d’une intégration assumée des codes visuels du manga. Témoins de cette symbiose des deux cultures, les physionomies des principaux protagonistes semblent souvent empruntées aux classiques du neuvième art, nippons comme européens.
En attendant le dénouement, hautement incertain, de cette curieuse aventure, voici un ouvrage original, tant par son graphisme singulier que par son intrigue audacieuse.
Encore un récit sur la Première Guerre Mondiale avec toutes ses atrocités. Normal car ce fut l'année du centenaire de ce tragique conflit ayant endeuillé tant de familles. Le sujet ne semble pas tarit puisqu'on suit les aventures d'une patrouille voulant remettre une pétition afin de faire tomber le gouvernement et changer peut-être le cours de la guerre.
Le colonel d'Anjou est méprisable comme tout ces militaires qui ont envoyé volontairement ces soldats à l'abattoir sans la moindre considération d'humanité. C'est un véritable scandale qui nous pousse à comprendre les exactions de ce groupe de soldat obligé de déserter. Cela nous touche et nous interpelle quelque part.
Le scénariste Xavier Dorison s'exerce à un genre plus réaliste après ses récits fantastiques. Je n'ai pas trop aimé ce graphisme d'un premier abord puis je me suis progressivement habitué pour l'accepter. Je note néanmoins une très bonne utilisation des couleurs. L'effet d'encrage est très réussi.
Au final, ce chant du cygne ne sera pas aussi mélodieux qu'on l'entendrait.
Après avoir apprécié les 3 volumes de La Cagoule, j'ai eu envie de découvrir une autre série scénarisée par Emmanuel Herzet. J'avoue avoir eu énormément de mal avec le dessin de Babouche. Mais quel scénario! Une histoire qui vous remue du début à la fin et que vous dévorez. Un chef d'oeuvre à posséder absolument dans sa bédéthèque.
Je n'avais pas acheté cet album car le dessin de Babouche ne m'attirait guère avec style trop proche du "manga", à mon goût.
Quelle erreur,j'avais fait !
A l'occasion d'un passage à la médiathèque, je suis tombé sur cet opus et je l'ai littéralement lu d'une traite, tant cette aventure co-signée par Dorison & Herzet m'a bluffée. Je m'étais pourtant juré de ne plus lire de bande dessinée sur la période 14/18, vu l'overdose de sorties sur ce sujet depuis un moment.
En suivant les mésaventures de cette section de soldats, j'en oublie mes a priori, c'est-à-dire le dessin. Au fil des pages, je me suis mis à apprécier les planches de Cédric Babouche, ainsi que les couleurs employées.
Une bonne histoire sur les stupides et inutiles assauts de la période Nivelle, avant qu'il ne soit remplacé par le Général Pétain.
C'est intelligent, avec une galerie de personnages (du sergent Sabiane au lieutenant Katz)qui sont fort bien campé, le tout sans oublié la violence de la guerre.