D
ans les années 30 à la Nouvelle-Orléans, le jeune afro-américain Doug Wiston, véritable force de la nature, est employé dans une scierie. Exploité pour sa force herculéenne, il finit renvoyé pour avoir osé défendre son père, passé à tabac par Sanders, le patron de l’établissement et membre du Ku Klux Klan. Prêt à tout pour venger l’honneur de son paternel, Doug se morfond dans un état de révolte et découvre la haine. Sur les conseils avisés d’un vieux musicien, il va finalement mettre à profit sa formidable constitution et devenir boxeur. Pour se venger, il utilisera les coups mais à travers la voie noble du sport.
Dans Plus fort que la haine, Pascal Bresson propose un récit sombre avec pour cadre la ségrégation raciale. En se documentant plusieurs années sur cette période, le scénariste s’est pleinement imprégné de son sujet et parvient à faire ressentir la violence intense régnant dans cette Amérique profonde. Il offre également un éclairage précis et intéressant sur les conditions de vie très rudes des travailleurs noirs de l’époque, traités comme de véritables esclaves. Quelques bémols, cependant : si le découpage est convaincant, le scénario pris dans son ensemble est convenu et assez naïf. En outre, certains dialogues sonnent un peu creux et le final à peine esquissé laisse un goût de trop peu.
Ces défauts peuvent toutefois être mis entre parenthèses grâce à la qualité du dessin de René Follet, qui démontre à 83 ans qu’il est toujours au sommet de son art. Les ambiances glauques et pesantes des bayous de La Louisiane sont parfaitement rendues par la force de son trait et la justesse de ses cadrages, qui font également merveille dans le rendu des combats de boxe.
Au final : un one-shot un peu trop court mais de bonne facture qu'il convient d'apprécier avant tout pour le plaisir des yeux.
J'attendais beaucoup de cet album et je suis resté sur ma faim dans cette histoire d'un jeune noir qui se passe dans le sud des Etats Unis dans les années 30. Le poids de l'esclavage, même si il a été aboli est toujours là à travers les rapports entre les noirs et les blancs, avec la présence du Ku Klux Klan. Il dépassera sa haine en s'accomplissant dans la boxe.
Le message est angélique et à l'eau de rose, c'est assez décevant. L'actualité nous montre que rien n'est réglé, alors en 1930/40!
Cette histoire est donc peu réaliste et n'a surtout pas de portée universelle. La morale qui est un peu tout le monde est beau et les méchants finissent par vieillir est trop juste.
Quant au dessin, le choix du noir et blanc est judicieux, mais là aussi j'ai malheureusement trouvé René Follet moins bon que d'habitude même si son trait est reconnaissable . Mais là encore peut être est-ce trop "propre".
En conclusion pas une mauvaise BD, mais une qui s'oublie vite.
Qu’est-ce qui est plus fort que la haine du blanc ? L’amour du noir ? Dans une Amérique ségrégationniste et raciste, on pourrait le penser. Les faits pourraient apparaître tellement caricaturaux : le pauvre noir face à l’arrogance du riche WASP. Pourtant, cela correspondait à une certaine réalité qui a poussé les noirs à s’émanciper grâce au mouvement révolutionnaire des Black Panthers ou encore au militant non violent Martin Luther King. Les actions du KKK étaient intolérables d’autant que les membres de la police fermaient les yeux sur ces exactions.
Les dialogues entre le père et le fils sonnent faux au début. Il s’agit pour l’auteur d’expliquer la condition misérable des gens de couleurs. Par la suite, on ne comprend pas très bien les revirements incessants du père en faveur d’un fils révolté contre ce système et qui doit choisir entre la vie et la violence.
La boxe sera perçue comme une sorte de solution pour régler les comptes de manière presque pacifique. Les coups de poing légaux sont préférés aux bastonnades. Elle n’apparaîtra qu’au milieu de l’album avec une fin assez vite expédiée. Le scénario ne fait que reprendre les poncifs du genre sans aucune originalité.
Même si le message de paix me plaît beaucoup ainsi que les valeurs véhiculées, il faut reconnaître une certaine naïveté qui nuit aux propos de cette œuvre tellement généreuse. Les droits civiques ont évolué au point d’aboutir à l’élection de Barack Obama : tout un symbole !
Au final, c’est quand même un bel album dessiné en noir et blanc. Chapeau au dessinateur René Follet âgé de 83 ans, comme quoi !
Un crayonné d'un raffinement rare qui donne du poids et dénonce avec justesse les souffrances engendrées par cette ségrégation d'entre deux guerres.
Comme le dénommé "Kaze" par contre, je trouve que la simplification extrême du scénario, des dialogues et la précipitation des évènements rompent rapidement le charme et le ressenti qui aurait dû opérer avec un sujet aussi poignant et un dessin si soigné.
Le format (48 pages) était probablement bien trop court pour développer une histoire pareille...
Tout d’abord, cet album met mal à l’aise tant le scénario est outrageusement simpliste : tout est parfaitement convenu, stéréotypé, chaque situation est poussée jusqu’à la caricature. On pourrait excuser le coté manichéen (difficile de ne pas l’être sur un tel sujet) si la narration était plus naturelle et si les dialogues ne sonnaient pas si faux, au point de donner parfois l’impression d’avoir été écrits par un collégien.
Le dessin relève le niveau : l’ambiance graphique est captivante, on se plonge dans l’ambiance du Bayou. Malheureusement, la magie est vite rompue dès qu’une scène de boxe apparaît : les mouvements sont incongrus, les attitudes grotesques, et la narration des combats confine au ridicule. À l’évidence, ni l’auteur ni le dessinateur ne se sont jamais intéressés au noble art — à coté de cet opus, la série des Rocky passe pour un documentaire.
C’est dommage, car sur un tel thème et avec un tel coup de crayon on pouvait s’attendre à un album exceptionnel. Si « la case de l’oncle Tom » est votre madeleine de Proust et si vous détestez la boxe, pourquoi pas ; sinon, fuyez !