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scar Rimbaud (comme le poète) est étudiant en troisième année de médecine à Paris, où il est en plein stage dans un hôpital. Comment se fait-il, alors, qu’il se réveille sur le pont d’un navire grec de l’Antiquité, au beau milieu d’une tempête ? Et pourquoi s’échine-t-on à l’appeler Odyxes ? Et surtout, est-il réellement capitaine de flotte ? Autant de questions auxquelles il devra répondre tout en se fondant dans le paysage…
L’entrée en matière est pour le moins intrigante, cela va sans dire. Il faut reconnaître à Christophe Arleston un vrai talent pour planter un décor et rendre crédible même les idées les plus farfelues. Il a du métier, évidemment, et le créateur du monde de Troy met son expérience à profit. Tout est raccord, les scènes s’enchaînent parfaitement, le mystère s’installe comme si de rien n’était, les personnages sont attachants à souhait, les interrogations se bousculent et, mine de rien, l’ensemble donne furieusement envie d’en savoir plus. Contrat rempli, donc ? Bien sûr. Reste à espérer que la sauce continue de prendre. Pour quelqu’un dont l’adolescence a coïncidé avec la parution des premières aventures de Lanfeust, l’entame d’une nouvelle série dans l’armada d’Arleston laisse souvent un sentiment partagé entre l’envie de retrouver un salutaire divertissement et la peur de voir la corde tirée plus qu’il ne faut. Pourvu qu’Odyxes et sa bande ne subissent pas le même sort que les naufragés d’Ythaq dont les pérégrinations auraient gagné à être écourtées…
Ce qui est amusant aussi, avec les séries « arlestoniennes », c’est de voir comment les différents dessinateurs acceptent, d’une certaine façon, de rentrer dans une sorte de moule. Pas que leurs styles soient impersonnels, non. Mais il y a des similitudes qu’on reconnaît au premier coup d’œil dans la présentation générale, révélant la façon d’écrire et de découper du scénariste : police d’écriture identique, textes descriptifs teintés d’humour surplombant chaque nouveau lieu, petites vignettes insérées dans des cases plus grandes… Ici, Steven Lejeune s’y plie tout en imposant sa propre signature, ce qui est tout à son honneur. L’auteur de Trop de bonheur, scénarisé par Jean David Morvan, et de Dieux a les boules, réalisé en solo, parvient fort bien – après une scène de naufrage inaugurale qui aurait peut-être pu être plus limpide – à dépeindre avec un égal bonheur les décors antiques et modernes. Les transitions entre les deux sont elles aussi réussies, tandis que la mise en couleurs de Mikl confère à l’ensemble une homogénéité bienvenue.
Premiers pas réussis pour cette nouvelle production « ados-adultes ». Affaire à suivre ?
C'est vrai que j'avais eu ma dose des séries d'Arleston. Je les avait porté aux nues avant d'être totalement gavé par une exploitation quasi-commerciale du monde de Lanfeust. J'avais toujours eu jusqu'ici une extrême tolérance par rapport aux différentes suites et autres spin-off. Cependant, avec Arleston, c'était prévisible et cela partait dans la franche déconnade. Il fallait que cela s'arrête. J'ai zappé l'auteur pour passer heureusement à autre chose.
Il y a deux ans j'avais lu Ekhö, monde miroir qui m'avait déjà un peu interpellé car je percevais déjà du changement. Avec Odyxes, la maturité est atteinte. Je veux dire par là que l'auteur a enfin produit une histoire originale qui se démarque de son succès Lanfeust. J'ai beaucoup aimé et je n'aurais pas cru que cela soit encore possible. Certes, on reste quand même dans son univers et avec ses codes. Néanmoins, il y a quelque chose d'accrochant.
Un mot pour dire que j'ai également apprécié le travail du dessinateur dans ce style semi-réaliste autant pour les scènes d'antiquité que ceux dans le Paris d'aujourd'hui.
En conclusion, je suivrais avec plaisir cette nouvelle série qui semble se démarquer de l'héroic fantasy habituelle. On garde l'humour mais plus fin et on suit l'aventure certes fantastique.
Les dessins sont vraiment plaisants, que ce soit ceux qui retranscrivent l'Antiquité ou bien l'époque contemporaine. Je suis d'accord avec Chris concernant le visage d'Oscar qui est plutôt bien trouvé et original par rapport aux standards habituels. La mise en couleur est très belle. Les dialogues sont aussi réussis avec pas mal d'humour. Enfin, le fait qu'on ait hâte de lire le tome 2 dès qu'on a refermé "Les naufragés du temps" est la preuve, selon moi, que cet album est une réussite !
J'ai aimé cet album pour son dessin et ses couleurs comme pour son scénario. Les encadrés, dans lesquels Oscar pose un oeil contemporain sur l'antiquité égyptienne qu'il découvre, prêtent vraiment à sourire. Les personnages sont bien construits, à l'image du protagoniste principal, dont le visage dévie légèrement des canons habituels du héros à la mâchoire carrée. Hélène est également très belle et réellement empreinte de mystère. Vivement la suite !
Arleston se frotte au voyage dans le temps avec une certaine virtuosité. Le dessin et la mise en scène sont soignés, et ce premier tome, bien que traité trop rapidement selon moi, est une excellente accroche qui je l'espère ne nous décevra pas dans le temps. Une lecture à recommander sans honte aux fans de paradoxe temporel.