D
es choix ont été faits ! Désormais, Blanche d’Entremonde ne peut revenir en arrière. Elle doit donc affronter son destin de reine, seule, et entourée d’ennemis.
Sortilèges est de ces diptyques qui, sous l’influence d’une curieuse alchimie, se transforment en miniséries. Magie du succès ou maléfice d’un scénario à géométrie variable, chacun aura un avis sur ce tour de passe-passe éditorial. Dans le cas présent, il serait mal venu de se plaindre s’il n’était question que de dessin ! Continuant sur sa lancée, José-Luis Munuera, en sorcier de la planche, poursuit un joli travail d’illustration. S’en suivent quelques pages où la baguette graphique de Seydas fait merveille, et une jolie galerie de portraits qui, des demeurés du plus bel acabit aux beautés ténébreuses et tourmentées, oscillent selon les humeurs du scénariste entre comédie et drame. L’enchantement pourrait être total si Jean Dufaux ne s’entêtait à émailler son histoire de gags et d’allusions qui suscitent plus d’interrogations que d’hilarité. Ceci s’avère d’autant plus inutile et incongru que son récit possède intrinsèquement une profondeur et une intensité qui se passeraient aisément d’un burlesque superfétatoire.
Ce conte de fées pour le moins anachronique, puisque la Belle navigue entre deux mondes et que le maître de l’Enfer fait figure de pauvre diable, cherche encore son registre. Reste un dernier album pour briser la malédiction…
Evidemment le dessin de Munuera est toujours aussi ensorcelant, le scénario tient toujours la route... Cet album confirmera la vengeance de Blanche et une bonne défaite de ses adversaires... Blanche prend de l'assurance et prend, pour quelques planches, une allure un peu gothique (quelle ironie sur fond médiéval...). Ce n'est pas l'album du siècle mais on prend plaisir à le lire...