L
e 24 septembre 1894, l'État-Major français découvre qu'un traître fournit des informations stratégiques à l'Empire allemand. Dans une France rongée par la montée de l'antisémitisme et toujours marquée par la défaite de 1870, le capitaine alsacien d'origine juive Alfred Dreyfus est un coupable tout trouvé.
Ce nouvel épisode de la série concept L'homme de l'année emmène le lecteur dans le sillage d'une figure de l'ombre : le commandant Ferdinand Walsin Esterhazy, dont la trahison fut à l'origine du scandale. Comte illégitime, zouave pontifical, officier d’artillerie, investisseur malheureux, ce personnage haut en couleur se décidera à travailler pour l’intelligence ennemie afin de payer ses dettes.
Résumer en cinquante-quatre planches l'affaire Dreyfus, qui divisa l'opinion française pendant plus d'une décennie, était un projet particulièrement ambitieux. Le scénariste Fred Duval, par ailleurs auteur d'une maîtrise sur ce scandale politique et judiciaire, livre un récit historiquement pointu, mais dont la complexité entrave malheureusement la lecture. La narration, de facture très classique, ne parvient pas véritablement à susciter l'intérêt pour les déboires du commandant Esterhazy. Graphiquement, le dessin très sobre de Florent Calvez convient bien au propos mais manque de dynamisme. Certaines planches, assez originales, rehaussent toutefois l'ensemble.
Ce septième volet de la série se joue donc en mode mineur, mais il devrait tout de même plaire aux férus d'histoire. Ceux-ci apprécieront probablement l'éclairage précis apporté par Fred Duval sur ce scandale de la Troisième République.
C'est le portrait d'un homme totalement détestable qui nous est conté puisqu'il est celui qui est le vrai coupable dans ce qu'on a appelé l'affaire Dreyfus à la fin du XIXème siècle. Comme j'ignorais tout de ce qui a conduit à cette célèbre affaire qui a divisé la France en deux, c'est avec intérêt que j'ai lu cette bd.
Le récit nous est conté du point de vue du salaud qui a trahi la France au profit de l'empire allemand pour se payer quelques prostituées ou encore des dettes de jeu. Bref, un profiteur comme le système sait en créer. On se rend également compte que l'antisémitisme était fort puissant puisque cela a conduit à l'emballement de la machine judiciaire et étatique dans une forme d'hystérie collective.
On est bombardé de détails historiques si bien qu'on a du mal à emmagasiner toutes ces précieuses informations. Le récit n'est point fluide du fait de cette complexité. Il faut dire que l'époque est secouée par le scandale de Panama, que les boulangistes ont gagné en influence nationaliste sur fond de revanche à la défaite de 1870 et de la perte de l'Alsace et la Lorraine, que les attentats anarchistes font rage etc...
C'est sans doute historiquement l'un des opus les plus abouti de la série des hommes de l'année. Cependant, il manque quelque chose pour une immersion totale du lecteur.