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es héros sont immortels, leurs Némésis aussi ! Dans Les chroniques de Moriarty Sylvian Cordurié laisse de côté le locataire du 221bis Baker Street pour se concentrer exclusivement sur le devenir du sinistre Professeur James Moriarty. Sans en être une suite directe, cette aventure se rattache néanmoins, de par son sujet, à Sherlock Holmes et le Nécronomicon paru dans la même collection. Après une série d'épreuves cauchemardesques, le terrible criminel est de retour à Londres...
En ajoutant une dose de fantastique au roman d'enquête victorien, le scénariste de Walkyrie avait trouvé une excellente formule. De plus, l'utilisation intelligente de Holmes, l'archétype du détective, permettait d'ancrer ses récits dans une « réalité » imaginaire reconnaissable par tous. Avec Renaissance, il pousse son concept un peu plus loin en proposant une histoire lorgnant uniquement vers les mythes lovecraftiens, dans la forme et le fond. Le résultat est malheureusement bancal. La double narration – d'un côté l'interminable calvaire jodorowskien du héros et, de l'autre, sa nouvelle « mission » – se révèle lourde, particulièrement à cause de textes narratifs ampoulés envahissants et d'une galerie de personnages sans relief (Meredith Rutherford dont le rôle se limite à être présente, Noble l'homme de main/débrouillard de base, Attilio Toldo la caricature de méchant, etc.). Oui, le Napoléon du crime est bien de retour, par contre, les embûches qu'il trouve sur son chemin ne sont guère passionnantes, ni vraiment originales.
Aux pinceaux, Andréa Fattori rend une copie maîtrisée à défaut d'innover. Son style, proche de celui de Jean Giraud ou Yves Swolfs, est bien en place et devrait séduire les tenants d'un certain classicisme. Axel Gonzalbo a également repris à son compte cette approche mesurée pour sa mise en couleurs. Celle-ci, parfaitement en accord avec le propos, permet de renforcer les différentes ambiances du récit sans écraser le trait du dessinateur.
En l'état, cette reprise en main des affaires par Moriarty ne provoque guère d'étincelles. Espérons que la suite de sa quête sera plus palpitante.
Graphiquement bien travaillée, cette suite de Sherlock Holmes & le Necromicon, ou quand H. P. Lovecraft rencontre Sir Arthur Conan Doyle, donne le rôle principal à James Moriarty (comme le suggère le titre de la série). Dans cette narration sur deux lignes de temps, la partie sur le retour de Moriarty du royaume des anciens Dieux est des plus pationnantes. L'autre partie étant beaucoup plus classique n'apporte pas beaucoup d'originalité.
Force est de constater que la saga mise en place par Sylvain Cordurié avec beaucoup de créativité, mêlant le fantastique à l'univers du détective le plus connu au monde, a une saveur des plus intéressantes.
Pour apprécier cette série, il faut au moins avoir lu le diptyque auquel il fait suite.
Histoire très intéressante. Moriarty revient d'entre les morts pour combattre les Dieux extérieurs ("Que Cthulhu soit loué").
Vivement la suite de cette série...
Pour l'exégète du Canon holmesien, cet album est un superbe spin-off de l'adversaire suprême, qui laisse entrevoir une échappée plus que fantastique et une issue possible, à peine possible, à l'épisode de la chute de Reichenbach. Pour l'amateur de BD, un bel album avec un scenario surprenant et très cohérent.
Pour l'amateur de Lovecraft : comme dans l'original, tout est tellement indescriptible que les mots se répètent toujours un peu, heureusement, il y a le dessin, le scénario, bref, pour moi un très bel album, prenant et dont j'attends avec impatience la suite. Éditeur, auteurs, ne nous lâchez pas !