A
ussi loin qu’il se souvienne, il revient toujours sur ce bateau. Au-delà ? Rien… ou presque ! Des lambeaux de souvenirs d’une mémoire qui se désagrège. Demain, il ne restera rien de son passé et... de Lilie. Sans sa présence, il n’a aucune raison de rester ici…
Alzheimer… le mot résonne comme une mort avant l’heure. Celle où le malade s’oublie doucement et disparaît au regard des siens en devenant un étranger. Et ce ne sont pas de brefs moments de lucidité, illusoires instants de discernement dans un océan d’ailleurs, qui changeront l’inéluctable cours des choses.
Ceux qui me restent est une histoire des plus banales, mais merveilleusement racontée. Celle d’un père qui a été celui qu’il a pu, à défaut d'être celui qu’il aurait dû ; celle d’une fille qui a refusé pendant des années d’aller au-delà de ses certitudes. Deux êtres qui se cherchaient sans vraiment savoir comment se retrouver.
Damien Marie livre un scénario en huis clos, entre un homme et sa souvenance, entre une fille et son père. Un récit tout en retenue, mais d’une force incroyable qui frappe par sa justesse. Les dialogues sont précis, les silences éloquents. Les temporalités se mêlent et s’entremêlent au gré de la conscience du personnage central. Le lecteur se meut en spectateur d’une errance intérieure, en témoin d’une quête existentielle. L’un recherche son enfant dans les méandres d’une mémoire délétère, l’autre retrouve son père chez cet inconnu. Passé, présent, passé omniprésent, présent trop vite passé. Les plans s’enchaînent, mais le temps s’écoule imperturbable, ignorant la confusion des sentiments et les douleurs muettes. En écho, le dessin de Laurent Bonneau est tout simplement superbe d’intensité et de sobriété. Le jeu du fusain et des aplats monochromes ou bien la netteté des encrages chargent émotionnellement chaque planche et donnent matière à un oubli qui, ici, devient palpable.
Il est délicat de parler de la maladie et de la mort, surtout lorsqu’il est également question d’amour, mais Damien Marie et Laurent Bonneau le font avec une sensibilité rare. Un album à ne pas oublier !
"Ceux qui me restent" parle d'une maladie toujours difficile à comprendre dans les faits : Alzheimer. Il n'y a pas beaucoup d’œuvre qui traite du sujet correctement et pour comprendre comment fonctionne la maladie et rentrer dans l'esprit du malade. Le film "The Father" de Florian Zeller parvient à quelque chose de construit mais le cheminement est plutôt long. Tandis que le découpage de la bande dessinée permet de prendre des raccourcis plus évident dans l'espace et le temps ; ainsi la construction du scénario est efficace et touchante, elle nous permet de comprendre les fondements de cette folie/maladie incomprise, Florent a beau savoir qu'il a une fille, il ne l'a reconnait pas ; sauf parfois dans des moments de lucidité, quand son cerveau fait finalement le lien entre le temps qui s'est écoulé et Lili (Aurélie) qui n'est plus aussi petite que son cerveau l'a mémorisé, c'est une très belle approche. Graphiquement , l'ambiance est réussie avec un bon choix concernant la palette de couleurs. En revanche, certains traits manque d'assurance et de définition. Ainsi, les nez pointus en ligne claire et les cheveux dessinés grossièrement rebutent un peu l'aspect graphique général de l’œuvre. Le roman graphique se lit rapidement, mais cela n'entache pas le plaisir de lecture.
C'est terrible cette maladie d'alzheimer qui nous fait perdre nos souvenirs. C'est un sujet plutôt grave qui sera traité avec beaucoup de sobriété et de justesse. Ce récit d'un père qui souhaite retrouver sa fille après avoir connu le décès de son épouse m'a paru assez touchant. Le graphisme est d'ailleurs superbe avec un jeu un peu particulier sur les couleurs notamment le jaune ciré.
J'ai bien aimé la mise en scène intelligente de cette oeuvre car on comprend vite qu'on va voyager dans les souvenirs d'un vieil homme qui se meurt. C'est une belle histoire triste qui semble agir sur notre âme. L'amour restera toujours la plus belle chose de l'espèce humaine que même la mort ou la maladie ne pourront parvenir à étouffer. C'est en tout cas ce que je retiens de cette belle lecture.
Florent est devenu veuf trop jeune et il a essayé d'élever sa fille Lilie du mieux qu'il a pu. Ce roman graphique met en avant une relation père/ fille très complexe. Lorsque la maladie d'Alzheimer s'invite dans l'équation, tout change.
Le scénario est émouvant et alterne entre passé et présent. C'est sublime. La fin est poignante. L'intrigue m'a donc totalement emportée. Néanmoins, j'ai trouvé les personnages un peu trop superficiels. On ne sait rien d'eux et cela les rend moins attachants malgré leur histoire bouleversante.
Quant à l'esthétique, elle n'a pas su me convaincre. Trop minimaliste à mon goût et un peu trop fade.
http://aufildesplumesblog.wordpress.com
l'exercice était dangereux et l'histoire aurait pu devenir totalement incompréhensible. C'est vraiment tout l'inverse qui se produit et avec peu de mots, ça devient même vraiment touchant
J'en ferais pas l'éloge plus longtemps, a lire absolument c'est de plus une pure merveille graphique
Il était loin d’être évident de traiter un tel thème sans tomber dans une petite routine pleine de clichés, dans un jeu répétitif sans subtilité ni envergure. Il semblerait que cet écueil ait été évité avec brio par le duo Marie-Bonneau. Quand l’un vous donne une leçon d’écriture en faisant voler en éclat la narration (parfait reflet du trouble qui s’empare de Florent), l’autre vous saisit par la justesse de son trait et l‘originalité de son univers. Le crayon griffonne des contours fragiles et le fusain noircit les cases, estompe ou crée des frontières entre les êtres. Les flous et les ombres n’annoncent rien de bon et quand le trait se veut plus affirmé, il révèle de sublimes pages qui disent tout le talent de Laurent Bonneau. Une lecture délicate et chargée d’émotion et une histoire au point de vue singulier qui entraîne son lecteur sur le chemin de l’oubli. Voyage en Alzheimer, ou comment trouver sa place sur une route enrobée de brume qui ne cesse de s’atténuer un peu plus à chaque pas.
La chronique complète : https://aumilieudeslivres.wordpress.com/2014/12/03/ceux-qui-me-restent-d-marie-l-bonneau/
Un très beau et très touchant récit, très bien construit. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas eu la larme à l’œil à la fin d'une BD. INDISPENSABLE.
Un album soigné dans tous les détails : dessin, rythme, mise en scène... Un sujet délicat traité avec subtilité. La maladie d'Alzheimer est ici vue de l'intérieur, et cela fait frémir tout nos sens. Aussi beau qu'inquiétant, cet ouvrage mérite toute votre attention afin de n'en rien oublié ^^
A lire absolument.