C
omme tout bon aventurier arrivé à un certain âge, Ray Banana se rend compte que la vraie richesse est celle qui vient de l'intérieur. Moins versé en horticulture qu'un lointain comparse, c'est à côté de sa piscine, un cocktail à la main, que l'homme qui ne transpire pas a décidé de poser ses valises et de réfléchir sur la nature humaine.
C'est par l'intermédiaire de son héros fétiche que Ted Benoit s'amuse à la dialectique dans La philosophie dans la piscine, la version papier de son blog. Réflexions existentielles, observations sur la cité, humour, dérision, l'ouvrage papillonne à gauche et à droite dans une longue liste à la Prévert. Agréable à découvrir, cette suite de notes (chaque idée est « expédiée » en une page) bien organisée laisse néanmoins un goût de manuel scolaire dans la bouche. Coincé entre brève de comptoir et énoncé de devoir, l'album montre rapidement ses limites, celles d'un jacuzzi face à l'océan.
Benoit, grand chantre la néo-ligne claire, a préféré une approche moins léchée qu'à l'habitude. Le style se veut volontairement lâché, tout juste sorti du carnet de croquis. Comme pour le scénario, le dessinateur se contente de laisser courir son crayon sur le papier sans vraiment faire aboutir son travail. Résultat, le dessin est souvent maladroit et peu gracieux, particulièrement pour ceux qui ont gardé à l'esprit ses œuvres antérieures.
Pétard mouillé ou tempête dans un verre d'eau, La philosophie dans la piscine ne provoque que bien peu de remous, malgré la réelle démarche intellectuelle d'exploration et d’interrogation de son auteur.
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