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ême si le calme est de mise à Horologiom, il arrive que des rouages se grippent dans la mécanique du quotidien. Récemment, deux dossiers - un meurtre et une disparition – occupent le Major Meursy et ses hommes. En soi, rien de très palpitant pour les limiers du Service des Violences Privées, la routine presque, mais la situation pourrait néanmoins changer rapidement. La Police Religieuse vient mettre son nez dans ces affaires et, tapis dans l'ombre, des agitateurs semblent également être connectés aux événements.
Dans Les couloirs changeants, Fabrice Lebeault reprend la formule étrennée dans le tome précédent d'Horologiom, Le ministère de la peur. La surprenante mue de la série, du fantastique au roman policier, est maintenant totalement accomplie. Heureusement, si le scénario lorgne désormais plus vers Fred Vargas ou Håkan Nesser que H.G. Wells, l'auteur reste fidèle à sa création originelle et a parfaitement réussi à circonscrire son récit dans cet univers si particulier. La lecture est agréable et prenante, car les indices sont maigres et subtils à détecter. Seule la conclusion, un peu trop rapide, se fait remarquer ; quelques pages supplémentaires auraient certainement été les bienvenues pour présenter plus en profondeur tous les faits.
Graphiquement, le résultat est somptueux. Le dessinateur propose des planches de toute beauté. Le trait, d'une grande finesse, et la mise en page d'une rare élégance (jeux sur la symétrie, hachures délicates, etc.) confèrent à l'album une tenue impressionnante. Dans le même temps, Lebeault n'hésite pas à ajouter des notes plus légères (les explications mentales montrées sous formes de caricatures, par exemple) dans son travail comme pour donner un peu d'humanité à ces individus écrasés sous le joug du Grand Rouage. Les couleurs d'Albertine Ralenti et Madie Zombi qui, au premier regard, peuvent paraître un peu plate, s'intègrent en fait harmonieusement avec l'atmosphère unique de cette étrange cité.
Si la teneur des propos n'est plus tout à fait la même que dans le passé, le plaisir demeure intact. Les couloirs changeants se révèle être un polar passionnant, particulièrement grâce à une galerie de personnages (autant chez les « méchants » que les « gentils ») admirablement conçus et animés.
Cet album est un thriller policier sous forme de « one-shot » se déroulant dans l’univers d’HOROLOGIOM. Le scénario est assez confus et l’enquête menée par les personnages de ce récit est ainsi assez ennuyante à suivre. Rien de bien convaincant pour moi, si ce n’est le dessin d’une belle précision.