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laise Guinin s’est lancé un défi : réaliser une bande dessinée uniquement à l’aide d’un Bic quatre couleurs. D’où le titre, vous l’aurez compris. Au-delà de la ‘prouesse’ recherchée, quel intérêt porter à cet album qui voit deux amis échanger leur identité pour passer un examen l'un à la place de l’autre ?
Tout d’abord, il y a en permanence dans le récit cette volonté d’insister sur les quatre couleurs en question, comme autant d’entames de chapitre et de moyens d’accorder l’histoire au concept de départ. Il faut bien reconnaître que cela fonctionne, la méthode semblant inspirer plus que brider l’auteur. Malgré tout, l’impression d’artificialité reste présente, comme si, au fond, le lecteur sentait confusément que tout cela était un peu vain. En dernière instance, difficile d’affirmer que le tout y gagne en profondeur.
Ensuite, il y a un rendu graphique qui se démarque du reste de la production, avec en plus une réelle efficacité dans la narration. Tout s’enchaîne très bien, à vrai dire, et le suspense est assez habilement entretenu. Le mérite de Blaise Guinin est de ne pas se borner à un exercice de style formel, greffant à sa démarche un déroulement maîtrisé à défaut d’être vraiment novateur. À ce titre, on pourra regretter que l’originalité du procédé ne trouve pas un plus grand écho dans le propos.
Enfin, les dialogues témoignent d’une grande méticulosité : les personnages s’expriment réellement devant leur public, avec naturel et crédibilité. La mise en scène fait le reste et rend la lecture très fluide.
Que dire pour conclure ? Sans doute que le challenge est relevé de belle manière, mais que, malgré ses qualités, Quatre couleurs reste au rang de la curiosité amusante.
On se rappelle tous de ce fameux stylo où l'on pouvait choisir quatre couleurs à savoir le noir, le bleu, le vert et le rouge.
Noir comme le téléphone portable.
Bleu comme le fond de la piscine municipale.
Vert comme le délicieux regard de la prof.
Rouge comme le sang de cette étudiante qui se serait jetée du 6ème étage de la faculté.
Nous suivons un jeune étudiant du nom de Grégoire qui flambe ses études et son avenir sans être capable de prendre sa vie en main, qui passe ses soirées à boire et ses journées à cuver. Pitoyable et pas original. Il est juste à l'image de la société qui l'a engrangé : vide et sans valeur.
Quatre couleurs est une véritable surprise malgré un graphisme assez minimaliste se basant sur les traits hachés de ces quatre couleurs. C'est superbement bien orchestré jusqu'à un final époustouflant. Cela fait partie de ces découvertes au gré de lecture pas forcément voulue. Cette oeuvre millimétrée et très subtile mérite toute notre attention. Une bonne idée qui a été exploitée pour le meilleur.