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aurice Rosy (1927 – 2013) n'est pas le plus connu des acteurs du Neuvième Art. Pourtant, il a été un des « architectes » de l'âge d'or de la BD franco-belge. Avec son ami Yvan Delporte, qui l'avait fait venir chez Dupuis, il a mené le Journal de Spirou aux sommets, collaboré avec les plus grands (Franquin, Will, Derib...) et découvert plusieurs talents (Roba, Deliège, Remacle...). Rattrapé, comme beaucoup de sa génération, par son époque à la fin des années soixante, il a ensuite su se réinventer et devenir un illustrateur publicitaire reconnu mondialement.
José-Louis Bocquet et Martin Zeller ont eu la bonne idée de recueillir les propos de ce personnage au cheminement atypique et passionnant. Au fil des pages, Rosy, à quatre-vingts ans passé, démontre une jeunesse d'esprit incroyable. Engagé comme « homme à idées » dans la maison de Marcinelle, il conseillait aussi bien le patron, Charles Dupuis, dont il était un des rares qui pouvaient le contredire ouvertement, que les dessinateurs en place. Outre de nombreux scénarios, il a également créé des rubriques, dirigé des collections (dont les Gags de Poche où a paru la première traduction française des Peanuts de Schulz), sans oublier le lancement de Risque-Tout, éphémère journal au ton plus adolescent qui révéla Maurice Tillieux et quelques autres. De plus, artiste avant tout, il fournissait des illustrations (gags, couvertures, culs de lampe, contes, etc.) à différentes publications (Spirou évidemment, mais aussi Moustique, Bonnes Soirées et même Paris-Match !). Fort de cette position unique, Rosy c'est la vie ! offre un regard nouveau sur cette période cruciale de l'histoire de la bande dessinée.
L'ouvrage se démarque particulièrement grâce à la richesse de son iconographie - le format réduit utilisé est quasiment regrettable - et, surtout, aux innombrables croquis que l'auteur a réalisés pour accompagner ou remplacer ses dire. En effet, à plusieurs reprises, plutôt que des mots, Rosy a préféré dessiner ses réponses. Ces petits croquis, pétillants et touchants à la fois, donnent une dimension insoupçonnée à cette discussion. Les scènes de son enfance sont tendres, tandis que les amis disparus ressuscitent pour un instant grâce au crayon ; outil qui les avait déjà unis des décennies auparavant. Le livre n'en est pas nostalgique ou passéiste pour autant. Preuve en sont les ultimes compositions que s'amusait à réaliser, avec une tablette électronique, le créateur de Monsieur Choc juste avant sa disparition. Rosy c'est la vie ! Rarement un titre aura aussi bien collé à son contenu. À lire d'urgence.
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