C
'est un bien surprenant héritage que Jean-Paul touche suite au décès de sa tante. En effet, cette dernière lui lègue huit box de très bon rapport. Un garage, comme dit le notaire, c'est confortable : pas d'eau, pas d'électricité, pas de tapage nocturne. Oui, mais on peut aussi y stocker autre chose que des voitures, et c'est là que ses ennuis vont commencer...
Après J'ai pas tué de Gaulle et C'est pas du Van Gogh, J'ai pas volé Pétain est le troisième tome des aventures de Jean-Paul. Bruno Heitz explore la France des années soixante-dix de la même manière qu'avec Hubert le privé à la cambrousse, pour la décennie précédente : un Hexagone côté cour qui se déplace en Micheline et Estafette Renault. Les dessins, toujours réalisés dans le même style candide, apportent un petit côté nostalgique à la narration grâce à un cachet « rétro » parfaitement adapté.
Dans le même temps, le ton est loin d'être naïf, car l'approche du scénariste, toute simple et posée qu'elle peut paraître, ne fait aucunement fi des réalités de cette époque. L'intrigue, inspirée par un fait divers attesté, montre bien les liens qui relient les nostalgiques d'un ordre passé aux extrémistes d'aujourd'hui. Néanmoins, sur la longueur, le scénario souffle le chaud et le froid. En effet, les constantes allées et venues – Paris, Nancy, l'île d'Yeu – des différents protagonistes et la nature nonchalante voire versatile du héros finissent par être déconcertantes. L'ambiance générale est également étonnante, ni vraiment caricaturale ni franchement réaliste. Ce résultat mi-figue mi-raisin estompe malheureusement le style unique et sympathique de l'auteur.
Pseudo-polar sur fond historique, J'ai pas volé Pétain mais presque... est à recommander aux amateurs de transports funéraires et autres fourberies politiques douteuses.
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