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obert H. King, Herman Wallace et Albert Woodfox ont été incarcérés dans la prison d'Angola en Louisiane en 1970. Depuis, ils ont passé la plupart des quarante dernières années en isolation totale. Leurs crimes ? Ils sont noirs, d'origine modeste et militants dans l'organisation des Black Panthers. Welcome in USA, land of the free.
Ouvrage cri du cœur co-édité par Amnesty International, Panthers in the hole (il s'agit bien d'un livre français, pas d'une traduction de l'anglais) se compose d'une longue plaidoirie en faveur de ces trois hommes innocents et contre un système judiciaire inique. Armé d'une documentation de tous les instants, Bruno Cénou, dont il s'agit du premier scénario, décrit méticuleusement les affres que ces individus ont endurées. L'ignominie de la situation est insupportable. Les torts subis par ces personnages sont tout simplement intolérables : procès bâclés sur fond de racisme, privation des droits fondamentaux, univers carcéral dégradant, etc. La liste des abus semble sans fin. Le ton militant des propos ne fait aucun doute et, même s'il verse quasiment vers le récit hagiographique par moments, est totalement justifié. Malgré tout, il faut garder à l'esprit que la réalité historique est plus nuancée. Le contexte socio-économique de la fin des années soixante n'est qu'à peine effleuré, les ambiguïtés politiques des Black Panthers passées sous silence et aucune place n'est laissée à l'autre partie (l’État de la Louisiane). Sans dédouaner qui que ce soit, l'ajout des données nécessaires pour mettre en lumière les errances de la société blanche et, le cas échéant, condamner ceux qui en ont abusé, aurait certainement renforcé le message général.
Aux pinceaux, David Cénou (Mirador, tête de mort) illustre avec conviction cette tragédie. Le choix du lavis est parfaitement adapté et le dessinateur fait de son mieux pour intégrer les nombreux textes narratifs. En effet, malgré une mise en page très travaillée, la quantité d'informations rend la lecture parfois laborieuse. Ceci dit, le triste portrait de ce pan de l'Amérique qu'on pensait oublié se révèle être inquiétant par sa précision et sa froideur. Pour les plus curieux, le dossier qui clôt l'album apporte – si cela était vraiment nécessaire – d'autres précisions, particulièrement sur les actions d'Amnesty International dans cette affaire.
Les Black Panthers ont sans doute permis, par leur combat, de changer progressivement les lois raciales concernant la population afro-américaine pour plus d'égalité de droits. Certains de leurs membres l'ont chèrement payé en passant beaucoup d'année derrière les barreaux.
Cette BD va s'intéresser à trois d'entre eux qu'on a appelé les trois d'Angola, nom de la célèbre prison de Louisiane, un état du Sud plutôt raciste. L'un d'eux est devenu tristement célèbre en devenant la personne au monde à avoir passé le plus de temps en détention à l'isolement. Cela constitue réellement une profonde atteinte aux droits de l'homme.
On apprendra également que ce prisonnier du nom d'Albert Woodfox qui signe d'ailleurs la préface était innocent des crimes dont il était injustement accusé pour des raisons politiques. Au vu des éléments fournis par la BD dans son argumentation, son innocence ne fait aucun doute.
Je ne peux que maudire le système judiciaire américain qui n'a pas fait son travail correctement. Que dire également sur les établissements pénitenciers qui n'ont rien à envier. Les fouilles annales étaient le lot quotidien des prisonniers d’origine africaine comme une pratique ancestrale de l'esclavage. Un acte de justice viendra proscrire cette pratique en 1978.
Je suis vraiment admiratif du courage de cet homme qui a survécu contrairement à l'un de ses amis militants. C'est comme un nouveau Nelson Mandela. On ne peut qu'espérer que la situation s'améliore. Cependant, l'élection récente de Donald Trump à la présidence n'est pas de bon augure car le système semble être réellement vicié par le racisme. Il y aura encore du chemin à parcourir pour protéger et servir le peuple.
J'ai lu la nouvelle édition de cette BD reparu en 2017 à l'occasion de la libération d'Albert Woodfox qui a subi la ségrégation raciale de la manière la plus ignoble et la plus inhumaine. Oui, cela reste un témoignage utile pour lutter contre la haine.
Sujet effroyable avec ce système judiciaire et carcéral de La Louisiane qui s'acharne sur les "Trois d'Angola" dans une haine innommable et intolérable.
Si les dessins servent plutôt bien l'histoire, le choix d'un parti pris un peu trop marqué dessert à mes yeux les injustices endurées par ces 3 individus.
BD intéressante mais narration un peu lourde.