« La vérité sur Napoléon ! », clame fièrement la couverture. Alléchant programme, qui pousse à ouvrir ce petit opuscule sorti de nulle part, si ce n’est de l’imagination un brin débordante de Henning Wagenbreth. « Qui ça ? », demanderez-vous, interloqués. Henning Wagenbreth, un dessinateur, affichiste et décorateur d’opérette allemand, rien que ça. En lisant sa biographie, on apprend qu’il est « marqué entre autres par la gravure, l’imagerie des pays de l’Est et la culture pop ». Et pour tout dire, ça se voit ; ça transparaît même de chaque page de ce livre qui est tout sauf une bande dessinée au sens classique du terme. Plutôt une succession d’illustrations, avec du texte entremêlé de façon singulière.
Le postulat est simple : l’Empereur ne serait pas mort (et enterré), mais vivant (et sous terre). Ébahi, le lecteur le découvre au travers d’un rapport d’exhumation tenu secret, intérêt supérieur de l’État oblige. Le vrai, de rapport, est un faux éhonté, destiné à berner les âmes naïves et le peuple crédule. C’est à peu près tout. Chercher une autre signification, plus profonde, c’est se heurter à un mur, celui de l’incompréhension.
On a un peu envie de dire : « C’est super, mais ça va intéresser qui ? » Vanité d’une entreprise, pourtant menée avec rigueur. C’est peut-être là, d’ailleurs, que se niche le véritable atout de cette Histoire revisitée, uchronie à la sauce psychédélique : un travail minutieux qui, malgré l’exubérance, se tient sans rien devoir à personne, sorte de bloc à accepter tel quel. La justesse de la traduction et la belle composition visuelle viennent terminer de faire du Secret de Sainte-Hélène un objet non clairement identifié, mais qui, sous des dehors délirants, peut séduire.
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