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rise très jeune dans les tourments de la Révolution française, Thérèse Figueur a d’abord suivi son oncle chez les royalistes, puis, capturée, elle est passée aux Républicains. Devenue dragon, elle guerroie dans les troupes impériales, mais elle reste hantée par le spectre du Minotaure, cette figure mythologique découverte avec son ami d’enfance et premier amour, Clément Sutter. Sur les champs de bataille, elle ne pense qu’à une chose : tuer le monstre.
S’inspirant librement de la vie de Marie-Thérèse Figueur (1774-1861), femme-soldat qui participa aux campagnes napoléoniennes, Damien Marie livre une fresque historique faite de combats, de folie et d’un zeste de romance. Bien qu’il propose une vision sans concession de cette période troublée et de la geste impériale, montrant crûment les horreurs de la guerre, d’abord civile puis européenne, il ne parvient malheureusement pas à susciter de réelle empathie envers son héroïne. Les visions fantasmagoriques de celle-ci ont tendance à tomber à plat et son obsession n’apporte au final pas grand-chose à cette épopée racontée à la première personne du singulier. Déjà partenaire du scénariste dans La cuisine du Diable, Karl T. offre un dessin expressif à la patte reconnaissable et rehaussé d’une colorisation en adéquation avec l’atmosphère générale.
Malgré son format de soixante-quatre pages, Thérèse, Dragon peine à décoller et à captiver. Dommage.
Thérèse Dragon est une femme qui s’est engagée dans les armées napoléoniennes et qui a combattu avec beaucoup de courage. Il s’agissait d’un garçon manqué qui aimait faire la guerre. C’est un peu elle qui a préfiguré la place des femmes dans l’armée. Oui, elle est une figure de progrès et méritait une bd qui s’intéresse à sa vie. Cela pour la vitrine de présentation !
Maintenant, on peut avoir un autre avis sur la question. La guerre est stupide par essence. C’était une affaire d’hommes. On appréciait les femmes pour leur grâce. En faire des combattantes ne me parait pas un progrès louable pour l’humanité. Cela me rappelle un peu la chanson de Renaud sur Margaret Thatcher.
Au-delà de ce débat théorique, nous avons une bd qui fleure l’onirisme et le rêve lorsque Thérèse perd connaissance ou s’endort. Elle voit toujours l’image de ce minotaure de la mythologie grecque qui la terrasse. Par ailleurs, elle court depuis des années après un garçon ayant marqué son enfance. L’intérêt de l’intrigue est de savoir si elle le retrouvera.
Certaines planches sont magnifiques. Elles sont baignées par un jeu de lumière qui met en perspective certains aspects. On dirait presque des tableaux impressionnistes. Il est dommage que cette colorisation informatique ne soit pas uniforme.
Pour le reste, cela ne m’a pas plus marqué que cela. Je reste assez dubitatif.
Un dessin de qualité pour une histoire qui aurait pu être passionnante mais trop enfermée dans la fausse bonne idée d'un Minautore récurrent qui cherche à sublimer une aventure tout simplement humaine en quête quasi mythologique.
On notera pour l'anecdote un incongru "God save the Queen" lancé par un marin anglais lors des combats de Trafalgar : George III doit se retourner dans sa tombe...