L
éonard aima Salaï et Salaï aima Léonard. Ainsi pourrait se résumer le propos de cette première partie de diptyque, même si les auteurs ne s’en tiennent évidemment pas à une simple romance.
Léonard est De Vinci, Salaï un jeune garçon recueilli dans son atelier. Au-delà de leurs amours cachées, Benjamin Lacombe et Paul Echegoyen racontent le quotidien du peintre et inventeur, ses réussites autant que ses déconvenues. Ensemble, ils entrouvrent une fenêtre sur sa vie intime, offrant un regard assez neuf sur le personnage. Les dessins réalisés à quatre mains sont bluffants : il fallait oser adopter un style aussi pictural et jouer ainsi sur les terres du maître. Le résultat est à la hauteur de cet immense défi, proposant un visuel qui est sans doute le point fort de l’album. Là où le bât blesse, en revanche, c’est au niveau de la narration pure, ce volume dans son entièreté s’apparentant davantage à une succession de tableaux qu’à une véritable histoire racontée. Tout cela manque de fluidité, tandis que même les dialogues et réparties paraissent peu naturels. Le ton est extrêmement sérieux et il n’est que trop évident que des citations de Léonard De Vinci ont été reprises telles quelles, avec un aspect beaucoup trop écrit.
A priori séduisant et réalisé avec une grande minutie, Il Salaïno souffre en définitive d’un excès d’académisme qui en rend la lecture pesante. Ce parti-pris pourra séduire celles et ceux qui recherchent un regard dépassionné et purement historique, mais il décevra probablement les lecteurs en quête d’un récit palpitant.
C'est fou que nous vivons une nouvelle époque où langues se délient à propos de la sexualité. On découvre maintenant que le grand Léonard de Vinci était homo. Après Alexandre le grand, Edgard Hoover, Laurence d'Arabie, Vercingétorix, Jules Verne, j'aurais envie de dire à qui le tour? Est-ce réellement la réalité historique ou un effet de mode de bon ton ?
Du coup, passé la surprise de découvrir que la muse de l'un des plus grands peintres de tous les temps était un jeune voleur d'une beauté androgyne qui avait pris la pause pour la célèbre Joconde, j'avoue avoir eu du mal. C'est clair que c'est une autre vision de la vie intime de Léonardo. Bon, maintenant je sais qu'on peut travailler pour le pape et vivre pendant 30 ans une relation homosexuelle en toute intimité. Oui, c'est possible et surtout en 1490.
Sur la forme, c'est très bien dessinée. D'emblée, on est plongé par une vue panoramique de Florence à couper le souffle. On se croirait parfois dans un de ces tableaux de la Renaissance. Le graphisme est somptueux par moment. C'est digne de nous faire découvrir ce créateur de génie.
Sur le fond, cela manque souvent de fluidité. On ne découvre finalement pas grand chose dans cette succession de tableaux peints sinon certaines difficultés. Au final, je reconnais que c'était un grand défi que de réaliser une telle oeuvre. Les certitudes en prendront un coup.
Ce premier tome d'un diptyque centré sur la vie de l’illustre Léonard De Vinci est sublime sous toutes ses formes.
Dans un premier temps, le format m’a « surpris », je le voyais plus grand, mais une fois ce détail mis de côté et l’objet en main, qui magnétisant par sa couverture, s’y retrouve comme par magie, encore un dernier coup de génie dont seul ce cher Léonard avait le secret. Oui, car cette couverture est sublime, un dessin signé Lacombe, mais De Vinci est nettement présent, on y voit en effet un mélange subtil d’un Saint Jean Baptiste et d’une Joconde, et que c’est réussi et beau.
Le format est certes plus petit qu’un format traditionnel mais finalement qu’importe, ce livre vêtu de noir et sobre devient de ce fait un livre que l’on sent intime, tel un journal empli de mystères. L’éditeur est Soleil, mais ici nous sommes bien dans son ombre au sein de la collection Noctambule qui nous invite, dans cet ouvrage, à entrer dans un ancien temps et l’édition est si réussie qu’on ne peut qu’accepter le voyage.
Italie, 1490, nous voici plongeant avec une hirondelle dans les rues de Florence à la découverte de la vie de Léonard de Vinci, de ses difficultés liées à son métier d’artiste et surtout de sa relation plus qu’intime avec Salaï. Ce premier tome nous conte seize années de la vie de Léonard dont la première est celle de sa rencontre avec Salaï. L’histoire est donc faite de plusieurs parties à différents moments durant ces années et séparées par de magnifiques peintures présentées entièrement en double-page, sur ce dernier point, je trouve que le style de Lacombe se marie superbement bien à celui de De Vinci.
En bref c’est du tout bon, cet ouvrage permet d’avoir une vision différente de celle que l’on peut avoir de De Vinci. Seul petit bémol pour ma part, j’aurais aimé rester plus longtemps sur certains passages ou même en connaitre d’autres, disons que ça va vite mais c’est compréhensible et ça reste bien sûr très agréable à lire et à suivre ! Et ça n’aurait sans doute pas été le cas sans les magnifiques, que dis-je, somptueux dessins qui ornent chacune des planches de cet ouvrage, ce n’est pas compliqué, c’est un véritable plaisir pour les yeux que de les contempler !
L’ouvrage se termine par un entretien des auteurs permettant d’en savoir plus sur eux, leurs choix scénaristiques et visuels et ainsi de continuer un peu le voyage grâce aussi à des crayonnées, croquis et peintures. Là où l’ouvrage, après les pages de garde, s’ouvre sur deux pleines pages de citations de De Vinci, il se termine par des repères historiques concernant cette première partie, ce qui est bien pensé.
Un travail exemplaire signé à quatre mains, merci à Benjamin Lacombe et Paul Echegoyen, je ne souhaite qu’une chose, avoir le tome deux entre les mains.