D
urant l’Occupation, dans les réserves d’un musée, Ila Gardner essaye de sauver ce qui peut l’être du pillage systématique orchestré par la commission militaire allemande. Amour de l’Art, volonté de résister ? Les véritables motivations de la jeune femme ne sont pas aussi simples, à l’image de sa relation avec Rolf Hauptmann…
Le trait est simple et dépouillé, s’amuse des ombres et va à l’essentiel. Puis soudain, au détour d’une planche, il s’autorise une envolée réaliste, délaisse les aplats de noir et joue avec les hachurés, afin de mieux rendre l’esthétique d’un tableau, les volumes d’une sculpture. À cet exercice, Stuart Immonen surprend. Plus coutumier des productions Marvel que de l’épure, le dessinateur canadien séduit et démontre son éclectisme graphique comme sa maîtrise des contrastes. L'utilisation d'un gaufrier à six cases et d'une typographie qui, tout comme les phylactères, est des plus basiques, transforme toutefois indiciblement la sobriété en monotonie.
Ce sentiment se trouve malheureusement renforcé par le scénario déstabilisant de Kathryn Immonen. Est-ce le résultat d’une traduction approximative ? Toujours est-il que les dialogues deviennent vite abscons plongeant le récit dans une confusion que les états d’âme des deux principaux protagonistes ne viennent pas atténuer. Il devient dès lors difficile de comprendre la finalité d’une histoire où les mots sont aussi importants que le dessin. À l’évidence, et pour reprendre une sémantique guerrière appliquée aux rapports humains, il est certainement question de confrontation, de résistance, de domination et de capitulation, sans que le sens profond puisse en être clairement établi.
Clair obscur aurait pu constituer une jolie variation sur la part d'ombre et de lumière de chacun. Il n’en est rien, hélas !
Poster un avis sur cet album