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erla sillonne le sud des États-Unis d’Amérique sur les traces d’un de ses ancêtres qui, deux cents ans plus tôt, s’intéressa à la magie des Indiens. Arrivé avec les conquistadors, il parcourut une grande partie du continent pour comprendre la relation des natifs avec le monde invisible. Parmi les affaires retrouvées, un cube aux propriétés magiques indéniables, mais dont l’usage reste incompréhensible.
Il suffit de regarder la couverture, au demeurant réussie, pour savoir ce qui est proposé : un croisement entre western et fantastique, avec une dose de sex-appeal. Les balises sont claires et le lecteur sait à quoi s’attendre. Le problème est que la bonne dose de dynamite annoncée fait pschitt. L’intrigue est pour l’instant bien ténue. Il est donc très difficile de comprendre où Eric Corbeyran veut en venir, ce qui ne serait pas rédhibitoire en soi si quelque chose à quoi se raccrocher émergeait. Ce n'est malheureusement pas le cas. Aucun ton ne se dégage vraiment. Les monstres dignes de Lovecraft ne parviennent pas à faire naître un soupçon d’inquiétude tant leur apparition est sans surprise et vite expédiée. Les dialogues sont plats et les tentatives d’humour très convenues. La déception est également de mise avec les protagonistes, les seconds rôles servant surtout à mettre en valeur une héroïne peu convaincante. Pensez-vous, une jeune aristocrate espagnole qui quitte le vieux continent pour le nouveau et devient, en un rien de temps, une meneuse d’hommes et une tireuse d’élite qui se promène dans l’ouest américain le cigare à la bouche, le ventre à l’air et la chemise nouée sous sa généreuse poitrine !
Surnaturel ne rime pas obligatoirement avec invraisemblance. Les ficelles sont vraiment trop grosses et c’est bien dommage car, au dessin, Piotr Kowalski livre une prestation plutôt de bonne facture. Ses personnages, ses décors et son dynamisme sont plaisants. Cela reste toutefois un peu court.
Le dessin n'est franchement pas mauvais avec son esthétisme noir raffiné. Par ailleurs, le récit se suit assez convenablement dans une course-poursuite haletante. Les auteurs ont également inscrit leur histoire dans un contexte historique réel ce qui apporte un semblant de crédibilité dans ce mélange d'action et de mysticisme.
Il est question d'un grimoire maudit le Corpus Hermeticum qui révèlerait les secrets occultes de notre univers. Il s'inscrit dans le cadre d'une collection Terres Secrètes qui se passe à différentes époques autour de ce livre mythique.
Chaque histoire est bien entendu totalement indépendante. Cela m'a d'ailleurs donné envie de découvrir les autres titres de cette collection ("Opération Gremikha", "Les hautes terres", "Les larmes du désert", "Les aigles du crépuscule", "le souffle du Wendigo", Titanic).
Je concéderais juste que la fin de ce récit m'a semblé un peu trop vite expédiée alors qu'on pouvait légitimement s'attendre à plus. L'intrigue de manière générale manque d'un peu d'épaisseur et d'originalité.
Les esprits vengeurs vêtus comme des bandits de grands chemins sont franchement bien dessinés. Cela peut donner lieu à quelques frissons. On pourra également admirer le paysage assez préservé du Dakota connu pour ses fameuses Black Hill.
Au final, ce n'est pas désagréable de découvrir une malédiction à la sauce western bénéficiant d'une véritable dynamique au niveau du trait et de l'agencement des cases. Du bon travail !
Les dessins sont corrects.
Il y a de l'action...
les personnages secondaires sont attachants...
Mais, mais... l'héroïne en fait trop (ou est de trop ?) : Elle tire sur tout ce qui bouge, n'a aucune tentative de réflexion...
Et l'entité des profondeurs s'exprime comme un "gros dur", aucune crédibilité... et se fait butter en moins de deux... par l'héroïne qui est vraiment trop forte (ou de trop ?)