T
out commence comme un jeu de massacre façon Loups Garous de Thiercelieux. Dans un village moyenâgeux de Scandinavie en proie à la peur, des bêtes sauvages surgissent durant la nuit pour dévorer les habitants. Il s'avère que ce sont les doubles animaux des enfants. Dans Mon Nom est Trollaukinn, les adolescents cherchent à s'éloigner de l'esprit qui les possède, encadrés par un guerrier borgne du nom de Thorsteinn. Lui seul semble comprendre comment empêcher leurs dédoublements. Mais le guide est loin de faire l'unanimité, Olaf s'en méfie comme de la peste et Gisli fait des rêves étranges où l'homme l'invite à tuer avec lui.
Ainsi Gwen de Bonneval clôture son conte médiéval fantastique. Le premier tiers, celui du voyage, marque par son manque de dynamisme l'état de perdition du groupe. Inquiétudes, fausses pistes, manipulations, les jeunes doutent et ne savent plus comment agir, entre Else prête à accorder une foi aveugle envers l'étranger et Olaf qui souhaite s'en débarrasser. Très vite, le dénouement vient avec l'arrivée à la grotte de la géante Groa, une pause qui a des airs de Princesse Mononoké comme le suggère la couverture très réussie. L'ignorance et la mesquinerie des adultes ont généré un mal qui veut leur extermination. Mythe universel de la discorde qui vient de la femme adultère, fantasme du garou, du yureï et sagas du grand Nord se mêlent dans une histoire qui laisse un goût amer d'injustice. Comme dans beaucoup de fables avec plusieurs niveaux de lecture, la morale finale ne se donne pas si facilement. La ligne claire et épurée d'Hugo Piette et sa colorisation qui alterne un froid terne à la brutalité des rouges accentuent la sensation de plonger dans un monde glacial, dur et sans pardon.
Fabliau syncrétique et cruel aux ficelles classiques et modernes, Varulf incite à s'interroger sur les conséquences des actes, un agréable divertissement.
Lien vers la chronique du T1
Poster un avis sur cet album