A
nnée jubilaire oblige, les albums à propos de la Première Guerre mondiale commencent à fleurir sur les étals des libraires. La bande dessinée n'est pas en reste. En effet, La Der des ders a depuis longtemps été utilisée comme cadre narratif par de nombreux auteurs. De Tardi à Maël et Kris, en passant par Hugo Pratt, la sélection Bdgest' sur le sujet est bien garnie. À cette liste prestigieuse vient s'ajouter le nom de Joe Sacco. Plutôt spécialiste des conflits modernes (Gorazde, Gaza 1956), le dessinateur-reporter descend dans les tranchées avec La Grande Guerre, le premier jour de la bataille de la Somme.
Livre-objet aux dimensions inusitées, l'ouvrage se présente sous la forme d'une immense illustration muette de près de sept mètres de long décrivant d'une manière synthétique un des combats les plus meurtriers de l'engagement. En vingt-quatre heures, plus de vingt et un mille soldats britanniques et huit mille allemands vont périr sans que les lignes ne bougent d'un pouce. Par cette seule image, Joe Sacco reconstitue avec la plus grande précision toute l'armée anglaise, hommes, animaux et matériel compris. De plus, le format étrange de cette gigantesque case grouillante d'action et de désespoir permet d'appréhender l'ampleur des opérations et des pertes humaines. Le résultat graphique est exceptionnel et saisissant.
Outre une préface dans laquelle le scénariste explique sa démarche et une notice soulignant quelques moments clefs du dessin, cet extraordinaire tableau est accompagné par un essai d'Adam Hochshild. Ce dernier revient sur ce tragique premier juillet 1916. Malheureusement, ce texte n'offre qu'un survol trop succinct du sujet et fait pâle figure à côté du tour de force de l'artiste. L'absence d'une bibliographie, même non exhaustive, s'avère regrettable.
Sans un mot ni une onomatopée, La Grande Guerre, le premier jour de la bataille de la Somme réussit à donner un aperçu convaincant d'une page poignante de l'Histoire. Impressionnant.
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