C
ritique au Boston Chronicles, le jeune Edgar Allan Poe est un être qui se maintient à l’écart de la société. Déjà tourmenté par ses pulsions et ses désirs inavouables, il est proche de basculer dans la folie lorsqu’il découvre dans les journaux un meurtre qui présente des similitudes avec une de ses nouvelles toujours à l’ébauche.
Pas besoin de ménager le suspense, cet album est une relative déception, et ce d’autant plus que l’arrivée d’Edgar Allan Poe dans la collection 1800 était séduisante. En effet, lorsque l’on revisite les grandes figures littéraires du 19e siècle, quoi de plus naturel que d’inviter celui qui est considéré comme l’inventeur du roman policier et dont un certain nombre de récits préfigurent les genres de la science-fiction et du fantastique.
Malheureusement, la magie n’opère pas. La faute, peut-être, à un format one-shot au lieu du diptyque habituel. Ainsi, les idées que Louis veut développer semblent à l’étroit. Le début du livre s’attache à décrire le fameux écrivain. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le portrait n’est pas flatteur. Difficile de s’attacher à un homme dépeint comme alcoolique, asocial, sans une once de pitié dans l’exercice de son rôle de critique et ayant des penchants pédophile et nécrophile. Délivrée aussi brutalement, sans mise en perspective au regard du passé de l’auteur, mélangeant vérités, extrapolations et médisances de confrères qui cherchèrent à le discréditer, l’image présentée est frustrante et manque de subtilité.
À cela s’ajoute le choix d’une narration rendue peu fluide par le recours à une voix-off introspective trop envahissante et une intrigue finalement très ténue et, compte tenu de l’espace disponible, bien vite résolue. La machination est peu convaincante, tant dans son déroulement que dans l’impact qu’elle est censée avoir sur l’avenir d’un des principaux noms du romantisme américain. Le travail de Thomas Verguet et Bastien Orenge redonne des couleurs à l’ensemble, en particulier grâce à leur réussite dans la création des ambiances sinistres.
J'aime beaucoup Edgar Allan Poe en tant que romancier car il a préfiguré au genre fantastique et de la science-fiction. C'est l'une des plus grandes figures du romantisme américain et bien entendu le grand maître du thriller d'épouvante. Pour autant, je n'ai pas trop apprécié cette bd qui le décrit comme un être rustre, alcoolique et pédophile. C'est clair que cela détruit le mythe.
On a droit à une série de divagations plus ou moins mystiques sur fond de crime en lien avec les nouvelles qu'il écrit. Le lecteur devra s'accrocher pour démêler avec soins les fils de la démence. Cela aura eu raison de ma patience.
Pour la petite histoire, un inconnu a déposé pendant 50 ans chaque année 3 roses et une bouteille de cognac à moitié vide le 19 janvier, date d'anniversaire de l'écrivain. Allan Poe est né en 1809 et est décédé en 1849. Début des "cadeaux" : un siècle après sa mort, en 1949. Fin de ces "cadeaux" : deux siècles après sa naissance, en 2009. On ne saura jamais de qui il s'agissait malgré la traque des journalistes. Ce mystère aurait pu faire l'objet d'une bd.
J'ai aimé de me retrouver dans une ambiance glauque (scénario, dessins, couleurs...) digne des romans de Poe. Le scénario est un peu difficile à suivre (faut se concentrer) mais le résultat est là. Si vous aimez le genre policier - horreur - Fantastique: alors, je vous le conseille.