E
n ce printemps 1944, les rumeurs d'un débarquement allié se font de plus en plus pressantes. La fin de la guerre serait-elle proche ? À Saint-Nicolas-de-Pélem, l'occupant ne l'entend pas de cette oreille. En effet, un inquiétant détachement allemand arrive dans le village avec pour mission de « nettoyer » la région de ses Résistants. De son côté, Jules a d'autres soucis en tête : s'il veut gagner un peu d'argent, il doit attraper quelques truites ou, à défaut, un ou deux écureuils.
Gérard Cousseau s'est basé sur des faits réels (Saint-Nicolas-de-Pélem a payé un lourd tribu humain au second conflit mondial) pour construire son scénario. Celui-ci, centré sur le jeune Jules et son nouvel ami, Georges, un Russe blanc lettré que sa famille a envoyé en Bretagne pour sa sûreté, reprend les éléments habituels du roman initiatique : l'innocence de l'enfance, la découverte de l'immensité du monde et, enfin, l'horreur dont les hommes sont capables. Malheureusement, le scénariste ne réussit pas à rendre cette trame classique très palpitante. Les personnages demeurent caricaturaux (l'ignoble collabo, le sinistre officier SS, le brave soldat teuton, etc.) et les différents épisodes très convenus. De plus, la relation entre les deux protagonistes ne provoque que très peu d'étincelles tant la personnalité de Georges reste creuse une fois passée son origine exotique. Cela dit, le récit est efficacement construit et intègre de nombreux détails historiques étonnants (les cosaques enrôlés de force, par exemple). Résultat, une lecture agréable, mais qui n'engendre guère d'enthousiasme.
Pour illustrer cette histoire, Damien Cuvillier a choisi un traitement en couleurs directes à l'aquarelle. Cette approche délicate est ambitieuse, peut-être trop. Si, globalement, il ne démérite pas, ses planches sont néanmoins quelque peu inégales. Les morphologies et les faciès fluctuent un peu trop pour ne pas se faire remarquer. Ainsi, le bandeau aux allures de rideau de théâtre de Daiguer semble échapper à toutes les lois de la physique moderne. D'un autre côté, le dessinateur montre un talent certain avec une mise en page très dynamique.
Sans réellement démériter, ce premier tome des Souliers rouges peine à se démarquer des nombreuses séries ayant la Seconde Guerre mondiale comme toile de fond.
Du même dessinateur :
La chronique de La guerre secrète de l'espace.
Bonjour,
je me permet juste de signaler que "La Guerre Secrète de L'espace" est scénarisé par Régis Hautière et non par Gérard Cousseau.
En revanche, Damien Cuvillier et Gérard Cousseau ont signé ensemble, dans un tout autre genre, "Les sauveteurs en Mer", chez Vents d'Ouest
Voici un album bien dessiné et ce n'est pas toujours le cas en ce moment.
Les têtes ne sont pas sans rappeler des dessinateurs de talent chez futuropolis.
Belle surprise, Damien Cuvilier monte en puissance et on espère un tome 2 encore plus éclatant.