E
n cette année 1977, One Model Nation fait une entrée fracassante dans le monde de la musique. Les premières sorties du quatuor allemand ont eu des échos jusqu'à Londres. Il paraîtrait même que David Bowie leur aurait proposé une collaboration ! Du côté de Berlin, la situation est moins harmonieuse, entre dissensions sur fond idéologique et implications avec les franges d'extrême-gauche, l'avenir du groupe est plus qu'incertain. Long live rock, Teufel !
Pour sa première incursion dans la bande dessinée, Courtney Taylor-Taylor (The Dandy Warhols) plonge le lecteur dans la scène musicale de l'ex-Allemagne de l'Ouest, au moment où le son germanique (Kraftwerk, Tangerine Dream, etc.) commençait à se faire entendre au-delà du Rhin. Les années soixante-dix, c'est également le temps des dérives terroristes de certains « révolutionnaires », spécialement Andreas Baader, Ulrike Meinhof et leur sinistre Fraction Armée Rouge (RAF). La rencontre entre avant-garde artistique et têtes brûlées est fracassante ! Fort de sa propre expérience, le scénariste montre très justement les mécanismes et les tiraillements auxquels les musiciens font face. Ce petit univers fait d’egos démesurés, de sensibilités à fleur de peau, de parasites gravitant autour du succès et « d'amis » qui vous veulent du bien, sans oublier les autorités inquiètes de la sécurité publique, est parfaitement rendu. Un élément fait néanmoins défaut : une vraie intrigue. En effet, le scénario se limite à une longue liste d’événements ou d'incidents vaguement relié par un fil rouge narratif trop ténu. De plus, si la description de One Model Nation est très complète et réaliste, le contexte historique (les tenants et les aboutissants de la RAF, par exemple) reste sommaire. Résultat, l'album est souvent intéressant, toutefois, sur la longueur, l'ouvrage souffre d'une absence de mordant et de profondeur.
Aux pinceaux, Jim Rugg (Fables, The New-York Five) apporte une réelle énergie à ces péripéties. Son trait, au style semi-réaliste flirtant par moments avec le manga, dépeint précisément les tensions – créatrices, relationnelles et stratégiques (quand il s'agit de signer LE contrat avec une maison de disque) - rencontrées par les protagonistes. Par contre, un certain manque de mouvement se fait remarquer, surtout lors des scènes de concerts. La faute vient peut-être du découpage d'une grande lisibilité, mais trop sage pour être vraiment au diapason de la furie punk-rock ! La mise en couleurs très réussie de Jon Fell est à mettre en avant. Plus à l'unisson avec son sujet, le coloriste fait preuve d'un grand talent avec des ambiances chromatiques particulièrement bien choisies.
One Model Nation aurait pu être le manifeste musico-culturel d'une époque. Pas de chance, à cause de choix narratifs discutables, il se révèle n'être qu'une anecdote en mode mineur.
C'est le véritable chanteur d'un groupe qui s'associe avec un dessinateur de comics pour imaginer un récit dont l'intrigue a lieu dans le Berlin politiquement tourmenté des années 70. On se souvient des attentats anarchistes de la bande à Baader. Il se trouve qu'un groupe de punk-rock commençant à gagner de la notoriété se retrouve mêlé à la traque policière.
Le contexte était assez intéressant mais l'auteur n'arrive pas à trouver un juste équilibre. Le mélange de fiction avec la réalité n'est pas forcément un bon procédé pour faire passer un message qui est biaisé. C'est comme si ce chanteur se rêvait d'être celui qui veut renverser le système. Bien entendu, je n'adhère pas. Graphiquement, c'est très pauvre et pas assez rock.