C
uba, 1958. Même s'ils ne le réalisent pas encore, la situation commence à sentir le roussi pour Batista et sa clique. En effet, dans la Sierra, Castro et ses compagnons avancent sur La Havane et leur victoire n'est plus aussi utopique que ça. Dans les coulisses, la Mafia anticipe déjà le changement de régime et entreprend de retirer ses billes de l'île. Simple employé d'un casino, Joaquin accepte, suite à une demande de son frère, de garder une valise remplie de liquide. Il ne peut pas deviner qu'avec ce geste fraternel, il vient de mettre les doigts dans un engrenage impitoyable.
Fedora, gros cigares, vapeurs de rhum et petite pépée...
Régis Hautière et Philippe Berthet jouent la carte de la nostalgie dans Perico. Tel un film de l'âge d'or d'Hollywood, l'album reconstitue à la lettre la fin de l'époque mythique où le rêve américain se cassa les dents pour la première fois sur la réalité de la géopolitique mondiale. Les décors sont grandioses et humides et le contexte historique est rempli de zones d'ombres propices aux mystères et autres complots.
Au milieu du tumulte, les auteurs se sont focalisés sur Joaquin, un jeune homme, certes ambitieux, mais particulièrement innocent. Le hasard et différents événements vont l'obliger à fuir, un magot dans ses bagages, une trop belle femme à ses côtés et des affreux à ses trousses. Thriller mâtiné de road-movie sur fond d'Histoire, le scénario souffre de la trop grande diversité de ses lignes narratives. Résultat, Hautière se voit forcé de multiplier les explications pour faire avancer son récit. Cela se fait malheureusement au détriment de l'ambiance générale. À plusieurs reprises, de longs récitatifs cassent le rythme de lecture et, par la même occasion, une partie du suspens.
Avec des titres comme Sur la route de Selma, L’œil du chasseur et Pin-Up, Berthet s'est érigé en spécialiste de l'Amérique des années cinquante et soixante. Il se retrouve donc en terrain connu avec Perico. Élégance et finesse du trait sont au rendez-vous. Par contre, malgré tout son talent, le dessinateur semble s'être contenté de dérouler son art en se limitant à réutiliser des « trucs » graphiques éprouvés. Il ressort des planches une impression de déjà vu qui va bien au-delà de la simple reconnaissance d'un style établi. Les fanatiques de l'artiste seront certainement ravis. Néanmoins, l'ensemble manque un peu d'âme par moments.
J’avoue ne pas vraiment aimer ce graphisme ligne claire qui fait vieux jeu. Cependant, je lui ai trouvé beaucoup de charme et d’exotisme. C’est comme si le dessinateur avait pu vaincre mes réticences en offrant une palette graphique assez agréable à regarder. Les personnages sont beaux et facilement reconnaissables. Le récit est très fluide : on comprend vite les enjeux.
J’ai bien aimé le cadre et l'ambiance de ce Cuba avant la révolution castriste. La guérilla a déjà commencé par l’envoi de 10000 soldats pour les mâter mais on sait que l’histoire en décidera autrement. Les capitalistes ont peur de cette atmosphère de fin de règne. C’est surtout la mafia et la pègre qui tirent les ficelles dans une société totalement corrompue. Et vu le contexte, la mafia préfère retirer ses billes. Les rats quittent toujours le navire.
Dans ce tumulte, nous suivons le parcours d’un jeune serveur qui va rencontrer une femme assez venimeuse qui rêve d’être actrice à Hollywood. Il aurait dû se méfier. Cependant, la beauté peut empoisonner les existences. S’en suivra une folle course-poursuite à travers les USA de Miami à Los Angeles.
Au final, le scénario colle à merveille au dessin. C’est un diptyque sur un mode road-movie très réussi.
L‘empire des mains sales. Catins, drogue et argent: la sainte trinité revisitée. Une nouvelle fois, Régis Hautière a réussi à m’emmener là où je ne souhaite guère aller en matière de lecture.
Nous voilà, lecteurs, plongés dans un milieu bien obscur où seules les règles imposées par les puissantes familles de la mafia cubaine ont droit de cité. Les codes sont clairs et les manquements à ces codes sans appel. L’absence de loyauté déclenche des gâchettes et les coups bas deviennent la norme pour obtenir la moindre miette d’information afin de nuire à ceux qui voudraient sortir des sentiers tracés par les "décideurs". Dans ce microcosme mafieux, les hommes mènent le jeu. Les femmes sont marchandise, monnaie d’échange ou de objet de convoitise.
http://aumilieudeslivres.wordpress.com/2014/05/14/perico-t1-hautiere-et-berthet/
Cuba et son exotisme nous sont servis sur un plateau d’argent avec un bon scénario et des héros attachants. Très belle présentation pour un très bon album dont la suite peut être attendue avec impatience.
Avec les noms de Berthet & d'Hautière, ,je ne pouvais passer à côté de cet album qui inaugure une nouvelle collection "ligne noire", constitué de one shot de polar (sauf pour cet opus), chez Dargaud.
Pari réussi, en tout cas.
Avec son style très ligne claire, Berthet nous offre de splendides planches.En outre, les couleurs de Dominique David, donnent à cette histoire un ton plus réaliste. (Sur la série Nico, les couleurs étaient plus fashies)
Quant à Hautière, il nous a concocté un bon polar, sur fonds de révolution cubaine et de rêve américain, avec une fausse garce qui mérité vraiment le détour.
Cette rencontre, qui n' a rien d'explosive mais qui est assez maitrisée des deux côtés, entre Joaquim, modeste serveur, et Elena, arriviste avant tout, est très bien servie dans ce premier opus.
Scénario et dessin sont en parfaire symbiose pour cet album.
Classique mais efficace.
A lire évidemment