L’ombre blanche, suite et fin ? Oui et non, en fait. L’intrigue principale est bel et bien bouclée avec la conclusion de la lutte de succession au trône du roi Benedek. Au passage, Ozanam et Carrion en auront profité pour faire souffler un vent nouveau sur une production fantasy qui avait tendance à gentiment ronronner. Ne cherchez pas ici de quête à mener ou d’objet magique à s’accaparer... vous ne trouverez qu'un jeu politique dont il faut sortir la tête haute. Même si la magie n’a pas déserté les lieux, ce parti-pris tisse un parallèle avec le monde réel et renforce la crédibilité d’un scénario qui plonge le lecteur en plein Moyen-Âge. Les personnages, nombreux, avaient tous leurs propres intérêts et un rôle fait de mensonges et de faux-semblants, avec toutefois, par instants, de vrais sentiments de loyauté, d’amour et d’amitié.
La complexité de l’histoire est à la fois sa force et sa faiblesse. Sa force parce qu’elle réserve une lecture passionnante et demande une certaine concentration de la part du public, celui-ci ne passant pas pour une tablée d’imbéciles. Sa faiblesse parce que, ce diptyque ne devant pas connaître de suite, du moins sous cette forme, elle ouvre un nombre incroyable de portes. Autant de pistes à explorer qu’il faudra, dans l’immédiat, laisser en friche. Ozanam aura-t-il l’occasion de revenir à cet univers, fut-ce sous un autre titre ? C’est à espérer, non seulement parce que ce monde est riche et que les protagonistes sont loin d’avoir livré tous leurs secrets, mais aussi parce que la fin, pour bien tournée qu’elle soit, n’en laisse pas moins un léger goût de trop peu.
Cette constatation ne manque pas de susciter des interrogations sur la frilosité des éditeurs à lancer aujourd’hui des séries au long cours. Le fonctionnement par cycles très courts permet de ne pas flouer le lectorat en cas d’arrêt prématuré d’un titre. Malheureusement, il semble aussi empêcher les auteurs de développer des trames aux nombreuses ramifications. Soit ils essaient de tout caser en deux ou trois tomes et le résultat peut alors paraître indigeste – souvenez-vous de Déluge –, soit ils opèrent comme ici et, une fois la dernière page tournée, la sensation d’avoir à peine effleuré quelque chose de potentiellement beaucoup plus vaste ne convainc qu’à moitié.
Il n’empêche que cette première histoire en deux volumes, assortie d’un dessin et d’une mise en couleurs qui, eux aussi, s’éloignent avec bonheur des canons du genre, se lit avec un plaisir qu’on n’espérait plus d’un paysage fantastique qui se contente trop souvent de reproduire systématiquement les schémas des succès passés. Sans compter qu’une nouvelle fois, l’osmose est parfaite entre les deux auteurs. Un duo à suivre, que ce soit dans le royaume d’Etelkoz ou ailleurs.
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L'ombre blanche T1
Temudjin
Malgré l'indéniable qualité graphique des deux albums, l'Ombre Blanche souffre d'un manque évident d'explication. En effet la multiplicité des personnages empêche d'apprécié pleinement ce récit tant la compréhension s'avère difficile.
Malgré tout ce jeu de massacre dégage une atmosphère qui oscille entre manga et comics. C'est rapide, nerveux, épuré graphiquement.
Dommage que tout cet ensemble ne fasse pas un tout solide et uniforme.
Belle fin de diptyque.
Le massacre continue pour mener jusqu'au trône...
Les dessins sont bâclés sur certaines scènes...
En tout cas la couverture est magnifique.
On espère une suite sur un nouveau cycle...