L
orsqu’Alex Mackay rend visite à son grand-père, il a la désagréable surprise d’apprendre que ce dernier est décédé. En récupérant les affaires de son aïeul, il découvre une insignifiante photographie sur laquelle le vieil homme est accompagné d’une jeune femme. Le comportement du personnel de la maison de retraite l’intrigue. Ce sentiment s’accroît lorsqu’il aperçoit la mystérieuse inconnue dans la voiture d’un employé de l’hospice. Décidé à en savoir plus, il va voir sa vie banale basculer jusqu’à douter de sa raison.
Cameron Stewart a travaillé avec Grant Morrison (Seaguy, Batman & Robin) ou encore Ed Brubaker (Catwoman). En 2007, il se lance dans son premier scénario avec Sin Titulo qu’il va publier sur le net pendant cinq ans (toujours disponible sur sintitulocomic). Son projet reçoit l’Eisner Award du meilleur webcomic en 2010.
Ce thriller démarre comme un polar et dérive très vite sur une ambiance digne de David Lynch, où la réalité se fissure graduellement sous les assauts du fantastique et de la schizophrénie. Entrainé à la suite du personnage central qui perd pied, le lecteur doit se battre pour ramasser les morceaux et pour tenter de les remettre en place. La séparation entre le tangible et l’illusion s’amincit jusqu’à se confondre. Secrets de famille, souvenirs et traumatismes enfouis ressortent au fur et à mesure des expériences vécues par Alex, complexifiant encore l'intelligence des faits. Le scénariste hypnotise progressivement son public grâce à l’étrangeté des événements et la banalité de son héros qui renforce l’empathie à son encontre.
La partie graphique occupe une grande place dans l’immersion de ce récit. Tout d’abord, le format à l’italienne restitue les choix de construction de l’auteur. Il s’appuie sur un découpage – un gaufrier de huit cases – rigoureux. Cette option se révèle extrêmement pertinente et confère beaucoup de rythme à cette aventure. Ensuite, le trait du dessinateur s’affranchit de ses travaux précédents sur des comics. Il est très épuré – presque une ligne claire – et l’encrage appuyé est traversé seulement de beige assurant la couleur et l’opposition avec les espaces laissés blancs pour les jeux de lumière.
Élégante et déroutante, voire dérangeante, cette œuvre est en tout point une réussite. À déconseiller aux adeptes de la stricte rationalité.
Trop intangible et irréaliste à mon goût.
Cette histoire qui débute un peu comme un thriller mais qui sombre rapidement dans le surréalisme ne m'a pas convaincu. Sorte de réflexion sur l'art et sur la vie qu'on se fait... avec questions laissées sans réponses. J'accorde au moins à l'auteur le sens du suspense, parce qu'on a vraiment envie de savoir comment ça va se terminer.
Ça m'a un peu rappelé "Le Silence" de Bruce Mutard, mais en moins bon. Et en plus violent. Gros bof pour moi.
Enfin un comics qui sort du lot. J'ai été charmé par autant de virtuosité dans la mise en scène. On ne sait plus où commence le rêve ou plutôt le cauchemar et la réalité. On est tout de suite entraîné dans le monde d'Alex Mackay comme happé par le récit pour ne plus le lâcher.
Le jeune homme nous livre ses faiblesses et son obsession grandissante à vouloir résoudre le mystère laissé par la mort de son grand-père. Mais surtout, il y aura un aspect psychologique très important. C'est presque de la schizophrénie avec une ambiance digne de ce nom.
Pour le reste, c'est réalisé avec virtuosité aussi bien sur le plan graphique que scénaristique. Que dire de plus? Cette oeuvre a été vainqueur du Eisner Award en 2010 dans la catégorie webcomic et c'est bien mérité pour une fois. Oui, c'est une belle réussite.