D
ans le rôle du méchant machiavélique, le Docteur Radar. Dans le rôle de l’enquêteur déterminé et perspicace, le gentleman-détective Ferdinand Straub. Entre eux, une lutte acharnée, et dans leur sillage, des morts en pagaille et des secrets en veux-tu en voilà.
Noël Simsolo, avec ce scénario à l’allure feuilletonesque, n’avait certainement pas pour but de révolutionner un genre dont Fantômas s’est fait la figure de proue. Non, il donne plus dans l’hommage, voire l’exercice de style. Bien campés, les personnages sont à la hauteur de cette ambition, avec tout un microcosme qui gravite autour des deux ennemis : une charmeuse de serpents, un motard fou, un policier quelque peu dépassé et des savants en péril composent une galerie pour le moins bigarrée. Il n’empêche que la sauce ne prend pas vraiment. Par instants, le rythme très saccadé rend la lecture peu aisée et le récit confus malgré des planches qui, graphiquement, restent lisibles. Le ton, lui aussi, semble souvent hésiter entre le sérieux et le burlesque.
Si l’album marque les esprits, c’est donc davantage grâce à un visuel à couper le souffle. Frédéric Bézian continue à affiner son style, reconnaissable entre mille et pourtant d’une grande variété. Le trait demeure acéré, mais l’auteur accentue encore le rendu du mouvement – superbe cavalcade en train en ouverture ! En ce qui concerne les couleurs, la prouesse est de taille également. Avec une technique à base d’aplats, Bézian radicalise plus que jamais ses choix et fait fi d’un réalisme qu’il juge vain pour se concentrer sur les ambiances à créer. Réussite totale.
En définitive, Docteur Radar souffle le chaud et le froid. Virtuose pour ce qui est du dessin et de la couleur, il rentre sans doute dans le rang au niveau de l’intrigue, ce qui témoigne d'un certain manque d'adéquation entre fond et forme.
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Ne touchez à rien
De Frédéric Bézian :
Adam Sarlech.
Cet album dénote surtout par son graphisme absolument magnifique, d’une audace et d’une maîtrise peu communes. Le style de Bézian est flamboyant d’énergie, d’expressivité et de liberté. Sa mise en couleur, bien que sombre, est également exceptionnelle.
Le scenario est des plus classiques en revanche, mais rend un bel hommage à Fantômas et consorts. Les noms, les décors, le verbe, les ambiances… tout y est ! A noter les seconds rôles particulièrement soignés, avec mention spéciale au personnage de Pascin. A lire absolument si vous ne craignez pas la vivacité de ce dessin aux traits insaisissables.
Graphiquement, c'est à couper le souffle et Bézian a réalisé des prouesses. Trait vif, acéré, sens du mouvement et de la mise en scène, bon découpage, jeux d'ombres et de lumières parfaits, couleurs superbes … bref, tout cela est vraiment très classe.
Malheureusement j'ai eu plus de mal à accrocher au scénario : l'histoire part sur de bonnes bases mais très vite ça s'essouffle un peu. Le méchant soit-disant si génial tombe parfois dans des pièges grossiers, cela nuisant ainsi à sa crédibilité.
En bref, un gros contraste entre un dessin magistral et un scénario imparfait.
Encore une fois, une claque.
On ne ressort pas indemne après avoir lu cet album, un magnifique travail graphique qui reste gravé au fond de votre cerveau. Des dessins dynamiques, superbes. Un travail des couleurs pertinent, marquant. un scénario à la hauteur du Talent du Dessinateur. Messieurs Bézian et Simsolo : Bravo!