D
éfinir le « mauvais père », c’est forcément préciser ce qui est attendu d’un « bon père ». À peu près la même chose que d’un bon mari ? Renoncer à tout – ou presque, il ne faut jamais reculer devant une exagération pour jouer les martyrs – ce qui fait notre personnalité ?
Pour correspondre aux canons du genre, le spectre est large en matière de sacrifices : accepter de perdre au jeu, être toujours disponible pour répondre aux petites fontaines à questions, abandonner les raisonnements tordus pour être en accord avec la candeur des lutins qui nous font face, sacrifier ce qui reste encore du « gamin » que nous étions autrefois pour bien jouer le rôle paternel et, comble du comble, être toujours d’humeur égale.
Pour la deuxième fois dans la collection Shampooing, Guy Delisle met en scène un papa criant de vérité (ça ne fait pas de bruit), voire de sincérité, et qui, lui, ne se prend pas la tête. Face à Louis (celui qui faisait du ski et fréquentait la plage il y a une petite dizaine d’années ?)* et Alice, ses enfants, il est lui-même, tout simplement. Sans être pour autant un tyran, il n'est pas question de leur parler comme à des gamins, d’éviter ce qui fait peur ou de vraiment les laisser maîtres de leurs choix.
En seize tableaux, il tend à ses congénères un miroir qu’il a eu la lucidité de regarder en face. Ne partez pas, c’est uniquement pour sourire, et non pour se flageller. Que celui qui n’a pas oublié une poésie à faire apprendre (qui a dit « ânonner x fois avant de la savoir » ?) ou qui n’a pas eu la tentation de venger sa progéniture trop pacifique et apathique des mauvais traitements réservés par une teigne haute comme trois pommes nous jette la première pierre ! J’te suis, Guy !
* Louis au ski en 2005 et Louis à la plage en 2008 chez Delcourt.
>>> Chronique du tome 1
Contrairement à ce que les notes moyennes semblent exprimer sur le site, je trouve ce 2ème volume moins intéressant que le premier. Il n'apporte pas grand-chose et aucune nouvelle situation ne vient réveiller les gags qui, de fait, deviennent plus attendus donc moins drôles.