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ranle-bas de combat aux Invalides : les anciens combattants qui veillent le tombeau de l'Empereur sont sur le pied de guerre, car un groupe de malfrats s'est introduit dans le bâtiment. Au lever du jour, c'est la consternation. Comme il l'avait annoncé, Fantômas a escamoté tout l'or de Paris : des dorures du dôme à celles du Pont Alexandre III. Au même moment, tous les protagonistes de son procès sont assassinés : soixante-dix-sept morts sur une péniche. Et pour couronner le tout, les lingots de la Banque de France, transférés par sécurité en province, ont été escamotés par un homme qui porte le visage du commissaire Juve...
Fantômas avait prévenu dans le premier tome que sa vengeance allait être impitoyable. Sans le métal précieux pour garantir le franc, le pays est au bord d'une crise monétaire sans précédent, et ceux qui se sont dressés contre lui sont morts. Dans ce volume, Juve étant mis à pied, c'est Fandor qui endosse le rôle de l'enquêteur, assisté de deux guest-stars du cinéma : Louis Feuillade et Georges Méliès en personne, comme un clin d’œil à celui qui popularisa le génie criminel sur grand écran. Déjà remarqué dans Les bois de justice, le graphisme de Julie Rocheleau, avec ses traits acérés et dynamiques et ses couleurs fauves, accentue la sensation d'horreur. La violence monte d'un cran dans ce volume et même si elle atteint un certain niveau, il reste le sentiment d'avoir encore de la marge dans ce domaine. Pour retrouver une émotion similaire, il faut se souvenir du Joker interprété par le regretté Heath Ledger, lointain descendant de l'homme aux mille visages. Les rôlistes se demandent souvent comment interpréter un alignement chaotique mauvais. Ils en ont la parfaite illustration dans Tout l'or de Paris : un psychopathe insaisissable qui semble n'avoir aucune limite et, face à lui, des forces de l'Ordre complètement impuissantes. Pourtant, le récit semble laisser une place à l'humanité de cet anti-héros, en aménageant des pauses amoureuses... très vite teintées de rouge sang.
Fantômas était une métaphore : la quintessence des peurs de la population, le distillat de toute la criminalité de l'avant guerre. Le monde ayant changé en 1918, le super-mauvais tomba dans la désuétude et l'oubli, voire le ridicule. Avec cette adaptation qui ne laisse aucun répit cent ans après, cette angoisse est mise à portée des lecteurs d'aujourd'hui. Après tout, la crise monétaire est passée pas loin de l'euro, et de nos jours, des masques cachent encore les mauvaises actions qui font plonger tout un pays.
J'ai trouvé ce second tome meilleur que le premier.
Meilleurs dessins et couleurs.
Et le scénario m'a semblé plus claire mieux orienté...
A suivre...
Une suite attendue et très réussie. L'intrigue va toujours à 100 à l'heure et le dessin, original en diable (très à propos pour Fantomas), apporte toujours autant de cohérence à l'ensemble.
http://lacasebd.overblog.com/2014/02/fantomas2-paris-or.html
J’en avais parlé à couille rabattue lors de la critique du premier volume de la trilogie concernant la Colère de Fantômas ; parce que oui, Fantômas il est en colère genre pas content du tout et prêt à assouvir ses besoins revanchards. Et devinez quoi ? Le deuxième tome est fraichement sorti des presses et est prêt à être dévoré des yeux.
Je ne saurais trop vous conseiller de relire la petite missive concernant le premier épisode et décrivant l’origine de la saga écrite par Marcel Allain et Pierre Souvestre, histoire d’y voir un peu plus clair sur cette suite des plus alléchantes.
Paris, toujours début du XXe siècle, il pleut.
Après un premier épisode dans lequel Fantômas terminait l’épisode en nous annonçant à cri qu’il se vengerait et dans lequel on avait vu ce Moriarty du crime, pourchassé, condamné, décapité , et revenu d’entre les morts pour nous annoncer qu’il allait lancer sa vendetta.
Toujours psychopathe, toujours insaisissable, et toujours aussi rusé, Fantômas fourbit ses armes et est en train de planifier ses représailles car il ne supporte pas que l’on se dresse contre lui. Son plan ? Voler tout l’Or de Paris afin de déclencher une crise financière de derrière les fagots et faire plier l’échine à Paris et donc à la France. Ceci fait, plus rien ni personne n’osera se mettre face à lui et ses plans. Et pour ce faire, Fantômas mettra la main à la pâte jusqu’à revêtir mille visages et commencera par piller toutes les dorures, statues en or, bref toute dorure de Paris et ce, avant de s’attaquer aux banques elles-mêmes. Mais pour ce faire, il va avoir besoin de Juve ... ou plutôt de son visage.
L’inspecteur Juve lui-même aura bien à faire dans son enquête mais pourra compter sur ses amis Fandor et un certain Georges Méliès … Mais qui sera le plus dupe à ce jeu ? Fantômas, Juve ou Paris ?
Avec ce deuxième tome toujours aussi stylisé, Olivier Bocquet et Julie Rocheteau nous confirment leur talent et nous remettent le couvert avec succès dans cette suite assez attendue. Plus violent, plus sombre mais aussi avec un ton parfois plus léger grâce à certains ressorts comiques à travers l’inspecteur Juve, ce conte allégorique sur le mal nous emmène à nouveau dans une aventure perfide où la ruse et la manipulation sont maitres-mots.
À noter tout de même que la fin reste ouverte pour un final, que l’on espère,apocalyptique puisque l’on annonce le retour de la mère de Fandor (oui oui, celle que Fantômas voulait tuer au premier épisode).
Un choix de couleurs judicieux liant jeux d’ombres et regard fou, un dessin dynamique et tonitruant, un plaisir de tourner les pages et vous aurez compris que vous tenez entre vos fines mains pleines de doigts une bande dessinée hautement fréquentable et recommandable.
Le mal est de retour, et rien ne pourra l’arrêter … alors profitez-en.