1934, les portes des Assises de la Seine s'ouvrent sur l'un des « procès du siècle ». Le peuple français aura à trancher sur la culpabilité de Violette Nozière, « monstrueuse enfant » de 19 ans, accusée d'un crime odieux, celui de parricide avec préméditation. En effet, en mars de l'année précédente, la jeune femme a tenté sans succès d'empoisonner ses géniteurs, elle réédite son geste en août, avec un effet mitigé : son père meurt, tandis que sa mère survit pour témoigner.
L’intérêt de cette bande dessinée n'est pas de revenir sur une histoire connue du grand public, mais de se concentrer sur la période charnière de 1933 et de tenter d'expliquer l'inexplicable : comment la fille unique et surprotégée d'un couple de la classe moyenne en vient à tuer ses parents pour de l'argent. C'est le contexte affreusement banal – ça aurait pu arriver dans n'importe quelle bonne famille - qui affole la France de cette période agitée contre ce fait divers qui restera dans les esprits comme un des meurtres les plus emblématique du XXe siècle. Le doux crayonné de Camille Benyamina dresse un portrait faussement romantique du Paris au plus fort de la Grande Dépression, ravagé par le contrecoup de la crise de 1929 et la montée des extrêmes. Avec ses vignettes lumineuses au grain flou des photographies d'antan et la tendresse des corps et des visages, cette nouvelle venue dans le monde du Neuvième Art reconstitue une société festive et insouciante, dans le déni des difficultés, telle que la rêvait son héroïne. Violette s'est trompée de décennie, elle appartient indéniablement aux Années folles fantasmées par la légende : celles des fêtes et de la liberté sexuelle. Rêveuse, jouisseuse et délurée, de toutes les sorties, elle croque les hommes comme des bonbons, racontant à chacun la vie imaginaire qu'ils veulent entendre en échange de quelques francs. Elle ment sans arrêt, à ses proches, à ses amis, sûrement à elle-même, avec une spontanéité désarmante. Et lorsqu'elle tombe amoureuse de l'étudiant Jean Gabin, ses mensonges finissent par la conduire au meurtre. Pour séduire ce joli garçon un peu feignant « le monstre en jupons » se fait passer pour une riche héritière qui ne sait pas quoi faire de ses billets. Elle en vient à voler pour entretenir son gigolo et c'est là que tout bascule. La force du scénario de Eddy Simon est de faire admettre cette solution finale comme étant une évidence et d'inciter à la clémence envers cette gamine irresponsable. Vieille de soixante-dix ans, cette affaire est mise dans une perspective terriblement actuelle, car avec l'instruction du cas Violette, c'est celle du laxisme parental qui est faite. Les époux Nozière se seraient contentés de gâter leur progéniture, de fermer les yeux sur tout ce que leur rapportait leur entourage, y compris sur la première tentative d'assassinat.
Pour ceux qui veulent aller plus loin, huit pages de documents historiques complètent le volume.
Plus qu'une chronique judiciaire, soigneusement documentée,Violette Nozière, vilaine chérie est un beau livre qui interroge sur les ratés d'une éducation.
Je me suis donc plongée dans cette lecture sans en connaître réellement le propos. Grosso modo, je suis partie à l'aventure, la fleur au fusil, en espérant être surprise de mon choix. Dès les premières pages, le ton est donné. Nous voilà dans les années 30, Violette Nozière, une jeune femme, vit une vie dissolue. Courant les amants, mentant à ses parents, la jeune femme n'a pas froid aux yeux. Malgré la syphilis, elle continue à voguer de lit en lit. Mais lorsqu'elle tombe amoureuse, elle n'hésite devant rien pour satisfaire son amoureux. Elle ira même jusqu'à envisager le pire.
Eddy Simon nous narre donc l'histoire de cette terrible femme. Très vite, il nous montre la noirceur de sa personnalité, ainsi que son fonctionnement. Le lecteur se retrouve alors dans les coulisses de toutes ses combines. On voit l'envers du décor, le pourri sous le vernis. Savamment racontée, l'intrigue est addictive. L'ensemble monte en puissance au fil de la lecture, jusqu'au moment du procès. La fin a su me surprendre car Violette a beaucoup changé entre le début et la fin du récit.
Il faut dire que Violette Nozière est vraiment fascinante. Cette jeune femme au rouge à lèvres provocateur, attire les regards. Ses grands yeux séduisent quiconque la regarde et sa personnalité machiavélique a su prendre dans sa toile de nombreux hommes. Mais, suite à son procès, son comportement change. Elle gagne en humilité et en sagesse. Son évolution est impressionnante!
La fin de la BD propose un dossier avec des photos du procès. J'ai trouvé que cela donnait une autre dimension au scénario. Tout à coup, tout devient réel, palpable. Elle se tient là devant nous, plus présente que jamais. Cet ajout est donc très pertinent.
D'un point de vue esthétique, j'avais été emballée par la couverture et le contenu ne m'a aucunement déçu. L'esthétique est sublime. Camille Benyamina transforme Violette en une créature envoûtante. L'ensemble nous apparaît dans des nuances sépias qui collent parfaitement avec les années 30. Il y a pleins de petits détails dans les vignettes. Le travail est soigné et poétique. Les choix esthétique de l'illustratrice permettent de créer une ambiance vraiment particulière.
J'ai donc vraiment apprécié cette incursion dans la vie de Violette Nozière. J'ai été séduite tant par le scénario que par l'esprit graphique de cette BD envoûtante.
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Des dessins magnifiques pour raconter un fait divers de l’entre-deux guerres qui a défrayé la chronique. On sent qu’avec cet album les auteurs ont essayé de comprendre comment une jeune fille en est arrivé à se prostituer et à tuer son père pour mener la grande vie ou au moins donner cette impression. La narration est prenante et on va jusqu’au bout pour comprendre quelque chose qu’on ne peut de toute manière pas concevoir: l’histoire d’une mythomane qui doit tuer pour continuer à entretenir sa vie rêvée.
Je ne connaissais pas l'affaire Colette Nozière. Pour ceux qui s'intéresse à la criminologie, cela sera du pain béni. Bon, le crime sera franchement odieux.
Cependant, ce récit nous permettra de comprendre les mécanismes qui ont conduit à l'abominable dans le contexte de l'époque. Pour autant, la justice sera plutôt clémente avec cette femme hors du commun. A voir notamment le dossier en fin d'album avec les archives d'époque.
C'est aussi une manière de montrer comment une fille unique et surprotégée peut devenir un véritable monstre. A trop gâter les enfants, ils ne le rendent pas comme on si attend...
A noter que le dessin est vraiment superbe. On entre tout de suite dans l'histoire grâce à une calligraphie adaptée. Bref, un fait divers bien retranscrit sur le format bd.
Un dessin superbe et entrainant, superbement adapté à cette histoire sombre à l'héroine attachante. Je le recommande fortement.
Une BD que j'ai vraiment adorée...
Ma chronique :
http://aumilieudeslivres.wordpress.com/2014/02/05/violette-noziere-vilaine-cherie-benyamina-et-eddy-simon/