A
lors que le monde s'embrase dans une lutte pour plus d'égalité ou quelque chose de cet acabit, Benny vient de se faire larguer. Ayant décidé de rester au lit et de ne plus bouger de chez lui, il n'a cure des événements extérieurs. Il a déjà assez de difficultés à essayer de se reconstruire. Une brique fracassant sa fenêtre va pourtant le plonger au centre de toutes les attentions. Le repos, ça sera pour une prochaine fois.
Alex Baladi ajoute un nouvel épisode aux « aventures » de Benny. En effet, Vives Voix est déjà le septième tome des tribulations existentialistes et autofictionnelles de cet étrange héros à la physionomie digitale. Cette œuvre à la limite de la biographie et du commentaire social permet à l'auteur helvétique de naviguer entre anecdotes personnelles et réflexions - réactions serait plus juste - à propos des errances de la société. Malheureusement, ce dernier point alourdit passablement la narration. Baladi est un artiste au tempérament à fleur de peau qui excelle dans l'exploration des psychés. Par contre, quand le contexte s'élargit, il a plus de peine à être convaincant. Si les personnages sont ciselés jusqu'au plus profond de leurs âmes, les foules et leurs revendications restent banales voire risibles.
Aux pinceaux, le dessinateur navigue entre Robert Crumb (la démarche de Benny n'est pas sans rappeler le déhanchement d'un Mr. Natural) et les récits expérimentaux d'Ibn Al Rabin. Ce mélange est particulièrement sympathique et ludique. Le découpage ne cesse de varier au fil de l'action, les cases se baladant au gré du cheminement des protagonistes. Le tout baigne dans un humour, certes pointu et souvent désespéré, mais toujours espiègle. Au final, ce méli-mélo d'introspection et de jeux graphiques se révèle très attrayant.
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