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osie a treize ans et une vie normale… jusqu’au jour où sa mère décide de partir à Dubaï avec un parfait inconnu. Son père, lui, ne s’en va pas si loin, mais il travaille beaucoup et est souvent absent. Et la jeune fille dans tout ça ? Disons qu’elle s'en sort comme elle peut et tente de faire face à la solitude. Heureusement qu’elle a Nath, sa meilleure amie. Cependant, bien vite, sa présence de plus en plus sporadique ne suffit plus. Viendront ensuite quelques plaisirs coupables – il faut bien tuer le temps – et autres fréquentations pas toujours heureuses – il faut bien trouver à qui parler.
Céline Fraipont et Pierre Bailly ont l’habitude de s’adresser aux tous petits avec leur Petit poilu (Dupuis). Changement de public avec ce Muret qui vise la tranche d’âge supérieure, analysant avec finesse la façon dont une adolescente essaie tant bien que mal de se construire sans véritable référent. Les auteurs posent ainsi la question de la responsabilité de chacun dans l’éducation et le développement intime de l’enfant. Rien de pesant dans leur démarche : c’est au contraire avec subtilité qu’ils dépeignent les sentiments de Rosie, par le biais de ses actes et pensées.
Cette simplicité qui transparaît à chaque instant, elle est aussi induite par un dessin en noir et blanc qui pose des ambiances justes, pertinentes. Des illustrations en pleine page et des séquences muettes permettent régulièrement de faire une halte dans le déroulement des événements : une occasion pour l’héroïne, comme pour le lecteur, de prendre conscience des interrogations qui passent par la tête d’une fillette trop tôt livrée à elle-même. Les carcans moraux sont parfois bien nécessaires, après tout. La compréhension vient aussi des dialogues qui, finement ciselés, sont lourds de sens : il n’y a pas un mot de trop, mais chacun est pesé. Et quel naturel dans les intonations des personnages !
Une écriture sobre, qui va à l’essentiel, et un trait épuré, qui offre une saisissante plongée dans la vie de Rosie… il n’en fallait pas plus pour offrir un excellent livre, intelligent, tout en retenue et en élégance.
Voilà le genre de bd qui graphiquement ne paye pas de mine mais dont on ressort avec une très bonne impression. Cette bd m'a touché par sa sensibilité et par sa justesse. On entre véritablement dans la psychologie de Rosie, une jeune adolescente de 13 ans qui va tomber notamment dans l'alcool suite au divorce de ses parents.
Il faut dire que sa mère l'a abandonné pour rejoindre son nouvel homme à Dubaï, ce nouveau paradis exotique. Sa meilleure amie semble également contraint de mettre un terme à la relation d'amitié qui lui permettait de se maintenir. Et puis, arrive cette rencontre inopinée autour d'un muret et qui bouleverser sa petite vie bien tranquille.
La Belgique de la fin des années 80 paraît bien morne à l'image de la vie de notre héroïne. La dérive sera progressive. On va tomber bien bas. Le pathologique sera évité ce qui renforce la charge émotive de ce roman graphique bien réussi. J'ai bien aimé la fin qui est très forte et qui permet de regarder la vie en avant. En conclusion, une belle découverte inattendue que voilà.
Chronique de la crise d'adolescence d'une gamine délaissée par ses parents, cette histoire outrée sonne juste et les dessins fonctionnent parfaitement pour décrire cette descente au enfer qui sera paradoxalement interrompue par un malheur encore plus grand.
Le roman graphique noir et blanc trouve la tout son sens pour faire passer des émotions par la description des tourments de la vie.
A découvrir.