L
e protocole Pélican semble être arrivé à un tournant, sans que personne, savants ou cobayes, ne sache vraiment si « l'aventure » a été concluante... Seul le professeur Kresser, grâce à son contact privilégié avec l'entité quantique A.D.A.M, réalise que l'expérience touche peut-être à sa fin. Une page de l'évolution de l'humanité va-t-elle être tournée ?
Avec ce quatrième et ultime tome, Richard Marazano et Jean-Michel Ponzio clôturent leur saga comme ils l'ont commencée : dans le doute et sous haute tension. En effet, toute la série est marquée par un suspens de tous les instants et, jusqu'à la dernière séquence, autant les acteurs que le lecteur nagent – se noient serait peut-être plus juste – dans les secrets et les non-dits. En plus d'avoir su maintenir son récit sur la corde raide pendant plus de deux cents pages, le scénariste a imaginé une trame digne des meilleures œuvres d'anticipation. Les propos sur la compréhension de l'inconscient, l'informatique neuronale et la prédiction, possible ou impossible, du futur sont des domaines de recherche sur lesquels la communauté scientifique se penche réellement ; heureusement, pas de la même manière que dans le cas présent. Ajoutez-y un soupçon de théorie du complot et vous obtenez un des meilleurs thrillers BD de ces dernières années.
L'approche radicale (utilisation massive de la rotoscopie) du dessinateur ainsi que sa mise en couleurs aux tons gris et sombres complètent extrêmement bien l'histoire. En effet, tout l'ouvrage est plongé dans une atmosphère à la fois déshumanisée et lourde, en parfait accord avec l'intrigue. Paradoxalement, cette ambiance glaciale aide à rendre les personnages, même les plus ambigus, attachants. Ne sont-ils pas tous des victimes d'un vaste dessein aux ramifications implacables ?
Après l'inégal 'complexe du chimpanzé', le duo Marazano/Ponzio revient avec une nouvelle série concept futuriste inspirée de l'expérience de Stanford. Pour résumer le début: nous assistons à une réunion des Bilderberg, c'est-à-dire à une minorité de privilégiés nantis appartenant à des sectes lobbyistes, qui décident de la pluie et du beau temps pour le reste du monde. Ces derniers ordonnent l'incarcération d'individus dans le cadre d'une expérience scientifique à caractère inédit, englobant de la psychologie, des neurosciences et de la physique quantique.
Encore une fois, le lancement de la série est géré de main de maître et nous sommes rapidement happés par cette histoire où le suspense et la tension psychologique seront les maîtres mot. Et encore une fois, le dessin de Ponzio est dans le style rotoscopique et paraît toujours figé par moment. Les tons de couleur sont gris et sombres participant à une atmosphère froide et anxiogène à l'image de l'histoire.
Autant le premier album est bien mené en terme de tempo narratif, autant les deux suivants vont prendre leur temps via un rythme ralenti, le temps d'explorer les différents niveaux de sadisme et de torture employés sur les "unités", tout cela sous couvert de science. Cela en est un peu répétitif sur certains aspects.
Par ailleurs, les "unités" sont issues de différents pays (Espagne, France, Royaume-Uni, Chine…), comment peuvent-ils se comprendre ? Tout le monde parle anglais ? Même la gamine et les vieux ?
Pour le quatrième album, j'avais peur que le scénario tombe dans des explications fumeuses afin de conclure: il n'en est rien heureusement. De plus, la fin est implacable et comporte plus de réponses apportées que pour celle du 'complexe du chimpanzé'.
Une série à concept, intéressante scientifiquement et prenante malgré quelques défauts.