En attendant l'aube 2. La Voyante aveugle

I l s'en passe des choses la nuit, pour ceux qui se baladent sur les toits.

Tom et Marine poursuivent leurs pérégrinations nocturnes. Ils rencontrent Noé, le vieil homme au visage torturé comme un Giacometti, qui attend que le déluge vienne mettre à flot l'arche qu'il a construite dans sa verrière. Évidemment, il compte rectifier la création divine en emmenant avec lui sa propre sélection d'êtres vivants. Puis Habib, qui peint des monochromes noirs. Chacun a son histoire, son grain de folie et sa mélancolie. Mais le voyage des adolescents ne fait que commencer : guidés au sommet d'une cheminée d'usine au son du tam-tam, les voilà face à la voyante aveugle qui lègue son nom au titre de l'album et qui va les conduire vers un autre monde, celui des rêves, où ils devront affronter le pire cauchemar de la jeune fille.

En attendant l'aube possède le calme des longues promenades, celles qui suspendent le temps et éloignent des préoccupations quotidiennes. C'est une succession de rencontres poétiques avec les habitants farfelus qui occupent les combles. Le dessin brut, à la carte à gratter, donne aux visages burinés la puissance de sculptures totémiques et renforce la dimension onirique de cet étrange périple. C'est seulement au détour de la séquence finale que le réel, avec ce qu'il a de plus sordide, vient briser la douceur du songe. Le personnage de Marine révèle ainsi son côté tragique. Or, alors que les vapeurs d'opium s'estompent, subsiste une interrogation : et si tout cela n'était qu'une illusion ?