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acques Daniel est barman. Comme quoi un patronyme n’est jamais complètement innocent. De l’autre côté du comptoir, il voit défiler les oiseaux de nuit que Le Havre régurgite. Pauvres hères, amants complices ou petits escrocs, tous cherchent le calme de ce lieu à part.
Le décor est planté et Jay excelle dans la représentation des ruelles sombres et des intérieurs confinés. Si le scénario, bien mené, s’avère somme toute peu original avec son concert de cœurs brisés et de magouilles plus ou moins couronnées de succès, l’ambiance qui se dégage des planches constitue le véritable intérêt de ce récit en deux tomes. Les auteurs ont en effet la bonne idée de s’éloigner régulièrement de la forme classique d’une bande dessinée pour faire le lien avec le roman noir : les cases font place à des illustrations en pleine page qu’accompagnent de longs récitatifs au ton très soigné. L’effet est des plus réussis, avec, à la clé, un rythme lent qui rend très à propos l’aspect parfois figé des scènes et des personnages. Il y a osmose entre textes et dessins, qui se croisent et s’entremêlent allègrement.
Le Havre est une histoire à l’intensité contenue et au suspense savamment entretenu, qui devrait ravir les amateurs de polar. Tout au plus regrettera-t-on une morale un peu trop angélique dans cet ultime volume.
le premier tome me laissait un peu perplexe. La narration type "le tueur" passait beaucoup moins bien et l'ambiance de ce bar paraissait vraiment irréelle. Ce tome est beaucoup plus réussi, avec plus de fluidité et l'intrigue monte réellement (et "plus naturellement") pour finir sur une chute façon 5 dernières minutes.sympa
Une suite et une fin à la hauteur du premier tome qui permet de creuser un peu plus la personnalité de Jacques et renforcer la chute de l'histoire. Belle histoire, belle ambiance, un dessin noir et blanc pour magnifier le tout. Bref une réussite totale.