M
orro Bay est le nom d’une petite ville côtière de l’ouest des Etats-Unis. Pour tromper l’ennui qui y règne en cette période estivale, une adolescente va enquêter sur le passé de sa prof de gym, Miss Scott. Avec son amie Tracy, et sa jeune sœur Marie, Eva va découvrir les dessous d'une étrange histoire d’amour. Elle découvrira également que les jeux d’adolescentes sont moins innocents qu’ils n’y paraissent.
Lorsqu’un amateur de bandes dessinées se promène dans les rayons d’une librairie, c’est en regardant la couverture qu’il décidera ou non d’ouvrir l’album, pour voir si le dessin lui plait, si le scénario paraît intéressant. Ce sont les trois éléments importants pour réaliser un bon album, et Morro Bay semble bien éloigné de ces considérations. Tout d’abord, cette couverture aux couleurs trop vives, d’un goût douteux n’invite pas à se pencher sur cette histoire. Certes elle attire l’œil, mais cette dominante rose est tout sauf attractive. Ensuite, ce baiser entre les deux jeunes filles ne cadre pas avec le contenu du récit, présenté sur le site des éditions Casterman comme un « thriller captivant ».
Ensuite, il y a ce dessin difficile à suivre, car très inégal, les visages sont trop caricaturaux, ils peuvent changer totalement suivant l’angle de vue au point que l’on se demande si c’est le même personnage. S’il n’y avait que ces erreurs de dessin, il n’y aurait pas de problèmes, mais la palme du mauvais goût revient sans conteste à la mise en couleur. Inégale, manquant d’unité tout au long de l’album, elle alterne des pages aux dominantes roses, avec des pages aux dominantes bleues, sensées présenter des scènes de nuit et obligeant le lecteur à se pencher un peu plus pour distinguer les dessins. Heureusement qu’il y a de temps en temps ces flash-back en noir et blanc pour reposer les yeux.
Enfin, et pour couronner le tout, il y a ce scénario incompréhensible qui donne l’impression d’être passé à côté de quelque chose, d’avoir manquer un élément important. Et bien non, il est ennuyeux et sans intérêt. Cette enquête de la jeune Eva pour en savoir plus sur l’histoire d’amour de sa prof de gym n’est pas captivante, sans suspense digne de ce nom et teintée d’homosexualité féminine inintéressante et complètement inutile. Il était déjà difficile de suivre le dessinateur dans ces pages aux couleurs si laides, il est encore plus pénible de suivre le scénariste dans cette aventure délirante et absurde.
La collection Un monde possède de bons albums tels que Les Caméléons, Le Cahier Bleu ou encore L’Outremangeur. Il est donc préférable de s’y replonger et d’éviter la lecture de Morro Bay qui ne présente vraiment aucun intérêt.
D'ordinaire, je suis assez fan de ce que fait Jean-Luc Cornette, mais là, franchement, j'ai du mal à voir où il a voulu en venir. L'histoire est un mélange assez indigeste de bluette d'adolescente, de secrets inavoués dans un bled perdu et d'un brin de fantastique qui paraît hors de propos. Et impossible d'accrocher aux personnages, sans âme. Le dessin est aussi très bizarre, très flou, avec des couleurs très flash qui n'ont aucune finesse. Bref, je n'en retire rien de vraiment intéressant. Les ficelles sont un peu grosses, en plus, et les réactions des personnages peu naturelles. Il y a bien mieux à découvrir dans la bibliographie du scénariste.