E
t si nous commencions par un peu de chronologie ?
2005 : Jean-Luc Istin et Guy Michel signent le premier tome du Sang du dragon, série à succès du catalogue Soleil.
2009 : le même Istin fait appel à Stéphane Créty pour illustrer Hannibal Mériadec et les larmes d’Odin, spin-off centré sur le passé du personnage principal.
2011 : Guy Michel s’en va voguer vers d’autres rivages et Stéphane Créty, toujours lui, reprend Le sang du dragon, laissant le spin-off inachevé à l’heure où paraît le septième volume de la série-mère, objet de la présente chronique.
Pourquoi ce bilan est-il nécessaire ? Tout simplement parce qu’il explique la seule raison d’être de cet album : mettre de l’ordre dans tout ça. En effet, le scénario est coupé en deux moitiés bien distinctes : alors que la première clôture tant bien que mal l’histoire laissée ouverte par l’opus précédent, la deuxième sert d'introduction au cycle qui va suivre, sorte de teaser qui, en plus, renvoie au spin-off. Bref, les auteurs rassemblent le tout en une seule trame, permettant au lecteur d’y voir plus clair. Effort louable en soi, mais qui n’est pas sans conséquence dommageable pour leur public. Celui-ci se retrouve avec deux morceaux de récit sans véritable rythme, l’impression qui domine étant celle d’un remplissage un peu vain au service d’un ensemble qui n’était probablement pas prévu dès le départ. Le peu d'éléments distillés dans les dernières pages fait d'ailleurs craindre un détricotage à venir d'une partie de ce qui a été réalisé précédemment.
Il y a, semble-t-il, la volonté de tout boucler pour partir vers de nouvelles latitudes. Soit. Cela devait-il pour autant se faire au prix d’un album finalement peu intéressant et, d’un point de vue purement visuel, qui n’est pas à la hauteur des précédents ? Si l’évolution du style de Stéphane Créty, plus aéré et fortement influencé par la culture comics, n’est pas à remettre en cause, le manque de détails dans les décors et de soin apporté aux postures et proportions des personnages détone par rapport aux débuts de la saga.
En un mot comme en cent, Le sang du dragon est la parfaite illustration du mal qui frappe de nos jours l’édition de bandes dessinées : certaines séries s’arrêtent prématurément, faute d’un lectorat suffisant, alors que d’autres s’éternisent tandis qu’elles auraient gagné à se terminer à temps. Il restera aux lecteurs qui ne veulent pas poursuivre l'aventure de considérer les sept premiers tomes comme formant un cycle complet... et d'ignorer superbement les pages qui allongent la sauce.
Je suis la série depuis le premier tome avec le même intérêt. Quel mélange étonnant! Des pirate, des elfes, le roi Louis XIV, de la magie celtique et des bordées de canon! L'étrange Capitaine Hannibal Meriadec mène son équipage de forbans en quête d'un fabuleux trésor, du moins apparemment car il s'agit bien moins d'or que de vengeance. Ce tome 7 est bizarrement construit. La première moitié de l'album marque l'épilogue de la quête engagée depuis le tome 1 à savoir l'accomplissement de la vengeance du Capitaine Meriadec, une bataille finale sur un lieu pas moins prestigieux que Versailles!
La deuxième partie commence quelques années plus tard avec les lieutenants du Capitaine qui profitent de leur part toute quiétude quand d'étranges hommes de main viennent les interroger pour retrouver le Capitaine Mériadec. Ils vont devoir se défendre avant de chercher à rejoindre leur ancien Capitaine. Évidemment, l'album de termine sur une nouvelle fracassante qui va nous mettre en appétit pour la suite. Donc, voilà un album de transition très réussi malgré sa construction atypique.