J
os Gloaguen est maintenant majeur et son oncle le nomme immédiatement capitaine de L'ami-du-travail, le bateau de son père disparu. En plus de ces nouvelles responsabilités, ses affaires de cœur ne sont pas de tout repos. A-t-il vraiment accepté de perdre Denise ? Quant à sa nouvelle flamme, Anna est-elle seulement attirée par sa position sociale toute neuve ? Le déclenchement de la guerre en juillet 1914 va momentanément stopper tous ses projets.
Dans 1913, patron de pêche, François Debois continue de conter et de mettre en perspective la vie des pêcheurs de sardines bretons au début du XXe siècle. D'un côté, les us et coutumes de ce métier aujourd'hui perdu, de l'autre les grands événements qui ont marqué la société. La démarche est louable et ambitieuse. De plus, envoyer Jos dans un coin oublié du conflit (la Mer Noire, au large d'Odessa) se trouve être une idée des plus réussies. Malheureusement, adaptation et manque de place obligent, le scénario survole à peine cet aspect géopolitique. Il faut garder à l'esprit que la narration est d'abord centrée sur les hommes et leur savoir. Sur ce point, le scénariste fait preuve de beaucoup de talent et de précision. Modernisation des techniques et changements économiques sont décrits minutieusement sans être assommants ni scolaires.
Graphiquement, Serge Fino poursuit son excellent travail. Visiblement habité par son sujet quand il s'agit de la vie quotidienne de ces forçats de la mer, il illustre aussi admirablement la vie à terre – la séquence d'ouverture au petit matin est extraordinaire – que celle au large. Par contre, même si elles donnent un bon aperçu de la vie de marin-mobilisé, les scènes à bord des vaisseaux de la Royale sont moins convaincantes. Toute l'attention de Bruno Pradelle aux couleurs n'empêche pas le naufrage du Danton de ressembler à une version très allégée de celui du Titanic : n'est pas James Cameron qui veut. Néanmoins, au final, ce troisième tome se révèle être du même calibre que le reste de la série : original et attachant.
Une histoire forte servie par un dessin puissant, qui ne cesse de s'améliorer d'album en album.
L'Histoire ne s'apprend pas à l'école, car on n'y traite que de l'histoire de l'Ile de France, et de la vie des rois ou des puissants, et des guerres.
La vraie Histoire de France, celle des français, je l'ai découvert à travers les récits des romans ("Des grives aux loups"/"les palombes ne passeront plus") ou des BD ("les maitres de l'orge").
Avec ce récit, une saga familiale de pêcheurs de sardine à Douarnenez, j'ai découvert les terribles conditions de vie de mes ancêtres bretons ; je savais les travailleurs de la terre pas très gâtés par la vie, mais j'ignorais à quel point les gens de la mer avaient du se battre pour leur simple survie.
J'ai dévoré les 4 premiers tomes, formant un cycle complet, de cette histoire semblant si réaliste.
C'est didactique, instructif, autant que prenant ; on s'attache à ces gens de peu, on est émerveillé par le courage extraordinaire de ces ancêtres des "sans-dent" de notre actuel président.
Rien ne nous est épargné, ni leur souffrance, ni la corruption des gouvernants de l'époque, aux ordres du patronat ; il y a du "Germinal" dans le sang versé des ouvriers de la mer, dont chaque révolte (o combien légitime) est réprimée par l'armée.
le parallèle est étonnant, avec les luttes sociales de ces dernières années, qu'ils soient pêcheurs, bonnets rouges, agriculteurs en détresse, producteurs laitiers étranglés par l'industrie agro-alimentaire. Finalement, rien n'a changé, et le pouvoir en place, qu'il soit PS ou UMP/LR n'y change rien, il se range le plus souvent derrière les puissants, qu'il assiste servilement.
Si le scénario est fort, le dessin l'est tout autant, par la justesse des ambiances et des couleurs. On est en immersion totale.
Merci aux auteurs pour cette leçon d'histoire et d'Histoire.
Seul petit bémol, le traitement subi par cette pauvre Denise.
Un tel acharnement contre sa personne étonne, mais c'est peut-être parce que c'était une autre époque.
La guerre trouble la vie des marins pêcheur qui se retrouvent dans la Royale avec une discipline très différente et des objectifs beaucoup moins compréhensibles pour le simple matelot.
Cette plongée dans les entrailles des cuirrassés de la première guerre est moins romanesque mais toujours apparemment aussi bien documentée.
Mais nous retrouverons avec plaisir notre port sardinier après la démobilisation.
Cette saga de ces travailleurs de la mer, de ces bretons opiniâtres nous transporte dans un passé récent mais tout simplement oublié par l'Histoire avec un grand H. Le scénario nous fait vivre, à travers l'histoire de Jos, les luttes du début du siècle et la vie quotidienne de nos grands parents. Le graphisme est inspiré. A lire absolument; dans la veine des 2 premiers; vivement le tome 4.