L
e 7 novembre 1963, Achille Talon apparaît dans les pages du Pilote numéro 211. Un peu à l'instar de Gaston Lagaffe, il n'est, à ses tout débuts, qu'un héros secondaire que René Goscinny, alors rédacteur en chef, utilise comme bouche-trou quand il lui manque du matériel pour boucler son magazine. Néanmoins, très rapidement, la création de Michel Greg va recueillir les suffrages du public et faire du « cerveau-choc » un des piliers du journal.
Le florilège que proposent les éditions Dargaud pour marquer le cinquantième anniversaire du personnage explore les premières années de parution de la série, entre 1963 et 1969 précisément. Ce choix judicieux permet, en particulier, d'observer la genèse du titre. Si le caractère complaisant et satisfait de Talon est déjà bien défini, il faudra quelques temps à son créateur pour trouver le bon tempo à son univers. Ainsi, ses neveux (ancrage dans le monde de l'enfance quasi-obligatoire dans ce genre de publication à l'époque) disparaîtront assez vite pour laisser la place aux parents Talon, à Virgule et, surtout, à Hilarion Lefuneste le si bien nommé. L'autre coup de génie du scénariste viendra avec l'apparition de Polite, la copie dyslexique de la revue dans laquelle le protagoniste principal paraît réellement, tout en y travaillant virtuellement !
Une fois tous les éléments bien posés, l'artiste va se déchaîner : caricatures (la rédaction avec un Goscinny aux crocs acérés), jeux et explorations formelle de la narration digne des BD de Fred et, sans oublier ce qui est devenu une des marques de fabrique de l'auteur des aventures d'Olivier Rameau, des échanges verbaux inénarrables, au style précieux, pompiers et hilarants. Pratiquement aucun moment de la vie quotidienne n'échappe à la moulinette talonesque. La machine ainsi lancée, Greg, sans en avoir l'air, grâce à un humour et une bonhomie de tous les instants, érige une critique déguisée des plus acerbes de la société.
Achille Talon le meilleur des années 60 est une excellente porte d'entrée dans la collection, spécialement si les quatorze tomes de son intégrale vous effraie. Hop !
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