L
e vice et la perfidie. Jules II et Machiavel mettent Ferrare à genoux pour satisfaire les envies d’un prélat qui s’autorise tous les excès. Entre démesure et folie, la saga infernale se poursuit.
Vouloir resituer Le Pape Terrible dans la chronologie des guerres d’Italie ne sert à rien puisque Alejandro Jodorowsky n’en a cure et s’enfonce avec complaisance dans une outrance qui n’a rien d’historique. Il y a cependant des limites à ne pas franchir et l’auteur chilien les tangente dangereusement tel un funambule de l’intempérance.
Inutile donc de s’appesantir sur un scénario dont il convient toutefois de souligner l’enchaînement des séquences, à défaut d’en apprécier le contenu. L’intérêt de ce troisième volet de la vie "jodorowskisée" de Giuliano della Rovere est à rechercher ailleurs, dans le trait et les perspectives de Theo Caneschi. Réaliste, expressif et puissant, voire habité, son dessin transfigure les protagonistes et théâtralise le stupre jusqu’à la caricature, mettant ainsi en exergue l'exagération coutumière de son scénariste.
Un album discutable et qui - dans la continuité de Borgia - n’est pas à mettre entre toutes les mains !
Bordel de Madame Imperia (Rome).
Machiavel débarque dans son bordel préféré après neuf mois passés à suivre fidèlement le pape Jules II dans ses campagnes militaires. Il narre les aventures vécues aux côtés du très « Saint »-Père, tout en se faisant plaisir au milieu de masses plus adipeuses les unes que les autres des prostituées spécialement sélectionnées pour lui par la matrone qui gouverne ce palais de plaisirs tarifés. Il révèle l’amour que le pape porte au jeune Frédéric, âgé d’à peine dix ans, fils du marquis de Gonzague, son ennemi capturé par les Vénitiens, mais dont l’épouse demande au pape d’intercéder en faveur de sa libération. Pour convaincre le saint homme, elle envoie une délégation de moines bénédictins transportant une véritable fortune. Cela ne suffit pas à amadouer le très Saint-Père qui exige d’obtenir en otage le fils du dit marquis. A la vue du petit Frédéric, Jules II en tombe éperdument amoureux…
Critique :
Ici git l’Histoire assassinée sans vergogne par les fantasmes érotico-homo de Jodorowsky. Si vous pensiez qu’il avait tout donné dans les deux premiers albums, vous aviez tout faux ! Le scénariste s’enfonce encore plus dans la perversion sexuelle qu’il prête au pape. Il évite d’extrême justesse la pédophilie…
Michel-Ange et Raphaël en sont réduits à se faire… par le pape, au (mal)propre comme au figuré. Comme si ces deux génies n’avaient pas eu grand-chose d’autre à laisser comme trace dans l’histoire. Quant à Léonard da Vinci, présenté comme un être cupide, il réalise en un temps record des inventions diaboliques pour le Saint-Père, de quoi laisser baba nos inventeurs du XXIe siècle, incapables, malgré toutes leurs ressources technologiques, d’arriver à des résultats aussi rapides ! Jodorowsky devrait s’appeler « Démesure » !
Vous l’aurez compris, Jodorowsky verse dans l’uchronie. Une uchronie où le sexe, essentiellement homosexuel trône. Les coups-fourrés du pape sont on ne peut plus tortueux. Au risque de me répéter, on est dans la fantasy (sans elfes ni lutins) et on peut oublier l’Histoire dans un cul-de-basse-fosse.
Quel talent gâché que celui du dessinateur italien Theo Caneschi ! Il a un don fabuleux pour retranscrire les émotions et les mouvements… Et les décors ne sont pas en reste ! A certains moments, cela vire à la caricature, c’est vrai, mais bon, avec un scénario pareil, la caricature, on est en plein dedans.
Florent Brossard réalise une fois de plus une splendide mise en couleurs qui complète à merveille le dessin se Theo.
Au risque de me répéter, si vous n’êtes pas écoeurés par les multiples scènes de sexe et par le scénario, admirez le style graphique de Theo. Il en vaut la peine. La couverture de ce 3e tome vaut son pesant d’or !
Série de plus en plus pathétique.
Le rythme est fatigant avec des ellipses mal maîtrisées.
Les personnages défilent trop vite dans le récit et on ne s'attache à aucun d'entre eux.
Les scènes de sexe (moches) sont plus anecdotiques que choquantes.
Quant à la Grande Histoire, c'est bien simple, elle est massacrée.
Quel gâchis! Le trait de Theo Caneshi mérite mieux !
Jodorowski n’y va pas avec le dos de la cuillère…Les plaisirs de Sodome (pour les fans, il va sans dire) y tiennent une place de choix, et la folie guerrière de Jules II y est décrite avec une dynamique agressive particulièrement bien mise en image et en couleurs…Les dialogues, souvent vulgaires et perfides, sont tout de même savoureux, dans la sainte bouche de notre pape plus terrible que jamais… Cette série – particulière sans doute- sort vraiment de l’ordinaire, et est pour moi un véritable moment de détente…Le cahier graphique en fin d’album, avec notamment la 1ère et la dernière esquisse (les 3 magnifiques cardinaux de pourpre vêtus) est une démonstration supplémentaire du talent de Théo…