L
e Transperceneige file droit devant lui et ne s’arrête jamais. Autour, une Terre dévastée. À son bord, ce qu’il reste de l’Humanité. Ayant survécu au cataclysme qui a plongé la planète dans le froid polaire, les passagers n’ont d’autre choix que de se cloîtrer dans ce train qui reproduit les schémas d’une société cloisonnée et foncièrement inégalitaire. En tête, il y a les wagons dorés, suivis des secondes classes. En queue, les laissés-pour-compte. Les queutards.
Les conditions de vie, forcément, deviennent de plus en plus difficiles à mesure qu’on régresse dans la hiérarchie. Promiscuité, épidémies, rationnement… Un jour, Proloff en a marre. Il tente de se frayer un chemin vers l’avant, après un passage éprouvant par l’extérieur. Las ! Il est immédiatement arrêté par une junte militaire qui dicte les règles et impose sa puissance. En sa compagnie, Adeline ne sait trop vers quel funeste destin ses pas la dirigent. Toujours est-il qu’en prenant le parti des miséreux, elle va à l’encontre de l’égoïsme ambiant et se met les autorités à dos. Ensemble, les deux insoumis fouilleront jusque dans les entrailles du convoi, révélant un environnement empreint de mysticisme et sous la coupe d’une dictature.
Rigueur et cohérence. C’est ainsi que le récit développé par Lob et Rochette dans le premier volume de cette trilogie se définit le mieux, tant cette vision du futur est crédible. Sûrement fait-elle écho aux travers ancestraux de l’homme, ce qui lui donne un côté intemporel. Le graphisme en noir, blanc et gris n’est pas vraiment daté ; il crée un monde propre aux auteurs, déshumanisé par la nécessité de survivre, mais permettant par instants à l’émotion d’affleurer et à l'empathie de s'installer. Le sort des personnages constitue au final la clé de voûte de l’histoire. Seule une fin quelque peu précipitée, comme poussée par les événements, vient ternir un bilan sans fausse note.
La suite, qui salue l’arrivée de Legrand au scénario, constitue une aventure à part se situant ultérieurement. Les ombres de Proloff et d'Adeline planent toujours sur les planches, alors que le Transperceneige a fait place au Crève-glace. Le leitmotiv est toutefois inchangé : ne surtout pas s’arrêter. Et la population de cette machine de métal reste tiraillée par les mêmes soubresauts d’une société prête à éclater. Le dessin s’est fait plus atmosphérique, moins précis, et les sorties hors du train sont autant de vues plongeantes sur un paysage dévasté, brumeux et enneigé. L’horreur, ici, est blanche, et la mort prend les traits d’un froid mordant. À nouvelle épopée, nouveaux héros. Cette fois, Puig et Val mènent la danse, ou plutôt essaient de tirer leur épingle d’un jeu quasi perdu d’avance. Si l’immersion est encore renforcée par rapport aux débuts, la narration paraît plus décousue. Un peu comme si le lecteur, à l’instar des acteurs du drame, était contraint à suivre un rythme endiablé qui le porte littéralement vers Dieu sait quelle finalité.
Lus d’une traite, les trois volumes présentent un univers captivant. Le Transperceneige n’a pas usurpé sa réputation de grand classique de la science-fiction en bande dessinée.
près avoir vu le film et la série, j'ai finalement terminé avec la BD . Les trois médias traitent du même thème, avec trois approches bien distinctes . Par exemple, il ne s'agit pas de la même histoire, ni des mêmes protagonistes . Si je devais faire un bref résumé, ça donnerait ça :
-Le film pour l'Action
-La série pour le scénario
-La BD pour l'oeuvre originale, et sa place dans la science-fiction française des années 80
Le tome 1 est mon favoris du point de vu scénaristique, et les dessins bien que datés sont encore appréciables . Les deux tomes suivant n'apportent malheureusement pas beaucoup plus de profondeur au sujet, et ont tendance à plutôt répéter le premier écrit (cependant les dessins s'améliorent) . Au fil des numéros, on passe du point de vue prolétaire, à celui de dirigeant en passant par la classe ouvrière . Cela permet d'avoir une vue globale sur ce qu'est une lutte des classes dans cette société rapportée à l'échelle d'un train . C'est assez claustrophobique .
Pour moi, le Transperceneige est la définition même d’une BD culte : un dessin magistral, certes, mais on trouvera toujours mieux… Un scenario fabuleux, évidemment, mais ce n’est pas la mieux écrite non plus… En fait le génie est ailleurs. Dans une alchimie miraculeuse et indéfinissable qui crée quelque chose de plus grand, qui pose de nouvelles bases.
C’est cette dimension-là du chef d’œuvre que je retiens. La question n’est même plus de le critiquer ou pas. L’apport du TPN à l’ensemble de la Pop Culture contemporaine est énorme et définitif. Rien à rajouter.
A lire, à relire, à re-relire, à re-re-relire !
Excellente histoire qui n'a pas trop mal vieilli, malgré l'évolution technologique récente. Les jeux de pouvoir et l'exclusion d'une partie de la société au profit des nantis sont hélas toujours d'actualité. L'ambiance oppressante créée par les auteurs est particulièrement réussie. Je suis impatient de lire le dernier tome "Terminus".
Il était une fois une nouvelle humanité... Si le thème de l'apocalypse par le froid est plutôt bien pensé et quelque part toujours d'actualité (on doit bien pouvoir désagréger notre couche d'ozone), l'espace confiné du train également, l'histoire manque un peu de piment.
On aurait aimé un train un peu plus fantaisiste ou travaillé, mais surtout une intrigue un plus développée. Finalement l'histoire est assez plate. La BD a sans doute pris un coup de vieux, tant sur les dessins que sur le scénario (ce qui lui donne un certain charme) mais j'ai l'impression qu'elle avait de toute manière une approche trop simpliste. J'ai mieux aimé la seconde partie, "l'arpenteur" dans laquelle les interactions avec le monde sont un peu plus nombreuses et les luttes de pouvoir plus marquées.
Bref, pas mal mais peut mieux faire. Le film de Joon-ho Bong, qui a par ailleurs une filmographie intéressante, est lui proche du navet...
Vraiment bien faite cette BD!
Un univers post-apocalyptique terrifiant, marquant, glacial, désolant, claustrophobique et même nostalgique...
Toutes ces étendues enneigées, abandonnées, désertes, silencieuses, sombres,...c'est à vous donner des cauchemars pour le futur de notre planète.
Seul un dessin en noir en blanc est capable de restituer cette ambiance unique avec autant de force.
La couleur n'aurait jamais eu autant d'impact! Excellent choix des auteurs.
Et puis ce train (le Transperceneige) qui va d'un bout à l'autre de la planète sans s'arrêter...Il ne cesse de me fasciner, c'est pour moi, un personnage à part entière, puissant et tout aussi charismatique que le héros Proloff! Quel est sa destination? Jusqu'où ira-t-il? Peux-t-il s'arrêter?
Une intégrale de trois tomes dont le(s) sujet(s) (lutte des classes, écologie,...) n'ont pas vieillis et qu'il faut lire d'une traite.
Incontournable!
Une fois n'est pas coutume, j'ai d'abord, par hasard, vu le film réalisé par Bong Joon Ho, 'Snowpiercer" adapté, donc, de "Transperceneige".
Et ce que je peux en dire c'est que d'une part, j'ai trouvé le film bon mais que, surtout, après avoir fini la BD, cette adaptation n'a strictement rien à voir avec l’œuvre du trio Lob/Rochette/Legrand & ma foi c'est tant mieux...
Je ne m’attarderai pas sur la comparaison mais sur mon ressenti après avoir terminé cette Intégrale.
La 2ème réédition de cette dernière pour y réunir les 3 tomes est selon moi très ingénieuse dans le sens où je pense que cette œuvre doit se lire dans son ensemble & d'une traite !
Car même si le 1er tome signé Lob & Rochette peut se lire en "one shot" et se suffire à lui-même, les deux suites (sorties + de 15 ans après...) que sont "l'Arpenteur" & "La Traversée" sont tout autant de bonne facture.
On se retrouve dans cette nouvelle période glaciaire ou seul subsiste cet énorme train avec à bord une société de la plus pauvre (en queue de train) à la plus aisée...
Ce train qui roule sans véritable destination, & qui reste le seul espace vital pour ce qui reste de l'humanité.... C'est anxiogène, notamment grâce aux dessins noirs & blancs de Rochette, & ce huis-clos palpitant est d'une efficacité remarquable si on se prend au jeu : qui peut espérer vivre dans cette jungle de métal ? Le révolté ou celui qui a le pouvoir ?
Depuis 1984, date de sortie de la BD, bon nombre de scénarii sortis en BD ou au cinéma font qu'on a peut-être cette sensation de "déjà-vu" en terminant "Transperceneige".
Peu importe... Cela reste haletant, bien dessiné (même si la différence de crayon m'a paru un peu violente entre la 1ère et les deux autres histoires...) & surtout c'est une intrigue qui, à aucun moment, ne déraille...
Super cotée, cette bd était soi-disant un must. Mais découvrir cette bd longtemps après sa sortie est probablement trop difficile. L'atmosphère, la sci-fi, l'esprit des années 80 et 90 étaient différents.
Le train autonome, déjà, je ne suis pas parvenu à accrocher. Et les scenario sont, au final, trop simples. Peu de surprise. Trop peu de tension. Bcp de pages et peu d'haleine. Mais c'est perso.
Je ne connaissais pas cette BD mais le film a piquée ma curiosité. Le scénario est original, le coup de crayon est superbe. L'histoire est intrigante et le déroulement donne sans cesse envie de poursuivre la lecture. Je trouve cependant que certains dialogues manquent de punch et d'interet mais globalement cette bd vaut le coup d'être lue.