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n froid matin d’octobre 1793, le corps inerte d’Apolline Desaulnay, petite-main travaillant pour la modiste de la reine, est repêché dans un bassin des jardins de Versailles. Si son trépas secoue la Cour et soulève des questions, il affecte singulièrement le cardinal de Rohan qui se tourne vers le comte de Cagliostro, magicien réputé, pour qu’il démasque le meurtrier grâce à ses talents. Le prélat semble toutefois chercher autre chose et il apparaît vite qu'il n'est pas le seul...
Pour sa nouvelle série sur fond historique, Arnaud Delalande (Les reines de sang – Aliénor, Surcouf) s’est adjoint l’aide d’Hubert Prolongeau, journaliste, essayiste et surtout auteur de romans policiers. Ensemble, ils ont concocté Cagliostro, dont le premier opus entraîne le lecteur à la fin du 18e siècle, quelques années avant la Révolution Française, à l’époque de la désastreuse « affaire du collier ». S’ouvrant sur une découverte macabre, le récit revient aussitôt en arrière pour présenter les protagonistes et narrer les événements qui ont précédé cette mort. Les intérêts de différents intervenants (ceux de Rohan, tout particulièrement) apparaissent vite clairement, tandis que pistes et enjeux s’esquissent. L’intervention du sulfureux aventurier italien tarde cependant jusqu’à la deuxième moitié de l’album, qui développe réellement l’enquête. Il est même assez dommage que son personnage ne prenne de véritable envergure que vers la fin, en suscitant la curiosité grâce à ses dons paranormaux. Le graphisme réaliste, autant qu’expressif, ainsi que la colorisation d’Alessio Lapo (Agence Interpol, Codex Sinaïticus) accompagnent assez agréablement le scénario. Le soin apporté aux vêtements, aux parures et aux décors est tout particulièrement appréciable. En revanche, il est regrettable que les figures historiques ne soient guère ressemblantes et que l’ensemble paraisse un rien figé.
Au final, Le Pacte avec le Diable remplit son office : introduire le personnage central par le biais d'une intrigue policière. À défaut d'enthousiasmer, le résultat constitue un honnête divertissement.
On entre dans les méandres de la Cour de Versailles avec son faste et ses intrigues contre le Royaume. Il s’agit d’une lettre compromettante pour la reine de France qui est d’origine autrichienne mais qui a surtout un caractère assez trempé ce qui ne plaît pas forcément à tous ces ecclésiastiques corrompus par la luxure. Si on ajoute encore des espions anglais ainsi qu’un plan d’invasion de Londres, le tour sera complet.
Le graphisme est le point fort de cette bd. Il est absolument magnifique ce qui ne gâche rien. La bd sera un brin bavarde au début où il faudra un peu s’accrocher. Puis, quand arrivent les scènes d’action avec absence de dialogue, cela fait bizarre. Je dirais qu’il y a un problème de mise en scène ou de construction plus globale.
Le personnage principal semble être le héros : tantôt brillant, tantôt minable car manipulé. A la fin de ce premier tome, on se demande si ce n’est pas un assistant d’un maître alchimiste de l’ombre qui se donne des allures de Dark Sidius, le futur empereur galactique.
Au final, c’est plutôt réussi bien que l’originalité ne soit pas de mise. On verra pour la suite.