« Il m’aura fallu quarante ans pour y retourner. Quarante ans. »
Né en 1965 en Corée, adopté par un couple belge en 1971, Jung a attendu l’âge mûr pour partir à la recherche de ses racines. Mais à l’heure de s’envoler vers le pays du Matin calme et une fois sur place, que de questions l’assaillent ! Qu’y trouvera-t-il ? Comment le percevra-t-on ? Pourra-t-il trouver des traces de son passé ? Parviendra-t-il à (ré)concilier l’orphelin qu’il était et l’adulte qu’il est devenu ?
Un an après l’adaptation au cinéma de Couleur de peau : miel, co-réalisé avec Laurent Boileau, l’auteur de Kwaidan clôt sa série autobiographique par un troisième volume qui narre son retour aux sources. Inévitablement, le voyage réveille des souvenirs de jeunesse, ainsi que des peurs et des interrogations amenées sans pathos ni mièvrerie. L’émotion s’avère néanmoins palpable, que ce soit lors du rappel d’épisodes anciens, quand le héros prend la mesure du chemin parcouru, ou lorsqu’il est confronté à la (sa) réalité.
Ponctué d’un humour qui désamorce la tension dramatique, tout en conservant la justesse du propos, le récit file à travers le temps, passant d’aujourd’hui à hier, pour revenir au présent. D’un côté, le puzzle identitaire s’assemble, pièce par pièce, et les zones d’ombre qui taraudaient le Jung adolescent trouvent finalement leur place à défaut de réponses satisfaisantes, tandis que d’autres sujets de questionnements surgis, lors du séjour coréen, l’invitent à s’inventer. De l’autre, le quadragénaire témoigne une fois de plus de l’adoption, de ce qu’elle implique pour l’adopté, des failles qu’elle peut laisser béantes, des drames qu’elle entraîne parfois, des liens qu’elle crée, aussi, ou encore des espoirs que suscitent les grands messes télévisées modernes pour ceux qui aimeraient retrouver leur famille d’origine.
Le trait typé et fin du dessinateur porte magnifiquement cet ultime volet, restituant par son expressivité le panel des sentiments, tout en animant avec force et sobriété cette route à rebours où se glissent des bribes d’imaginaire, de celles qui mettent en scène la mère biologique idéale ou le cheminement réflexif intérieur qu’empruntent ensemble le garçonnet et l’homme. Enfin, pour bien faire les choses, l’éditeur Quadrants sort un joli coffret destiné à accueillir les trois volumes de cette série touchante à bien des égards.
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5 ans d'attente pour enfin avoir le récit de ce retour en Corée tant fantasmé. Et bien je dois avouer une certaine déception, car il ne se passe finalement pas grand chose, est-ce du au fait que Jung était filmé et que du coup cela manque de naturel ?
On retrouve les thèmes des premiers tomes, mais celui-ci n'apporte rien de plus.
L'ensemble reste un témoignage magnifique sur la douleur de l'abandon et du déracinement.
La boucle est bouclée. Bien mais sans plus, comme le film vu entre temps. Vivement que Jung reviennent à quelques fantaisies plus piquantes et plus friponnes...