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radlon est revenu traumatisé de son voyage hors du temps avec Magdalen. Alors que pour lui une seule année s’est écoulée, son absence a réellement duré trente six ans. Il vit en ermite dans la forêt, ne parlant à personne. L’assassinat de son vieil ami Ron va précipiter son retour dans le monde des hommes. Il va alors se consacrer à l’éducation de sa fille. Séduisante et éveillée, son rejet du nouveau dieu unique inquiète le clergé et fait peser une ombre sur l’équilibre du royaume.
Après avoir conté les évènements qui ont conduit à la naissance de Dahut, Rodolphe s’intéresse à sa transformation en jeune femme. Avec un savoir-faire consommé, il parcourt son enfance en s’arrêtant sur les éléments qui permettent de découvrir son caractère. Le rythme est lent et plaisant, comme le calme avant la tempête. L’heure n’est pas au spectaculaire. Dans ce monde en pleine mutation, où la population, menacée par les invasions des barbares de l’Est, ne peut plus compter sur l’aide de l’empire romain qui se désagrège. les germes des drames à venir s’enracinent et croissent lentement mais sûrement.
Les deux protagonistes sont dotés d'une riche personnalité. D’un côté, une princesse à la beauté saisissante, vive et intelligente, entretenant des liens profonds avec les êtres du petit peuple invisible. De l’autre, un roi qui perd pied progressivement, partagé entre l’amour paternel et ses responsabilités envers ses sujets. Sa tolérance, qui l’amène à respecter aussi bien la foi de ses ancêtres que celle de son ami l’évêque Corentin, pourrait bien contribuer à gangrener son règne. D’autant plus que Dahut la païenne cache bien des secrets, entretenant ainsi la rumeur de sorcellerie. Car au-delà des êtres, c’est bien, comme dans le mythe arthurien, une opposition entre paganisme et chrétienté qui se joue.
Pour porter cette vision de la légende d’Ys, il fallait un dessin capable d’offrir de la magie, de la force et de la poésie. L’objectif est parfaitement atteint par Raquel Alzate qui propose des planches aux atmosphères saisissantes. À travers ses personnages ultra-réalistes et ses décors tour à tour précis ou plus flous, elle compose des tableaux baroques éclairés de couleurs envoûtantes.
Un conte agréablement narré et magnifiquement mis en images qui constitue une réelle réussite.
FORMIDABLE, j'ai lu les deux albums d'un trait et j'attend la suite avec impatience. Suite ? Ou abandon ? Pourquoi, manque de frics à gagner ? C'est quand même les lecteurs qui vous permettent de vivre de votre travail. ALORS MERCI de ne pas nous prendre pour des cons et des vaches à FRICS.